PORTRAIT – Kaija Saariaho est sans doute l’une des plus grandes compositrice du XXIe siècle la connaissez vous ?
Kaija Saariaho raconte comment son don pour la composition musicale lui est apparu : « Toute petite, le soir, je suis allée au lit et j’ai commencé à entendre de la musique. J’ai pensé que cela venait de l’oreiller et j’ai demandé à ma mère d’éteindre l’oreiller… J’ai mis du temps à comprendre que j’avais de la musique dans ma tête. »
En 1982, la Finlandaise a été l’une des premières femmes à utiliser l’ordinateur dans la musique classique pour analyser la couleur (le timbre) sonore. « À l’époque, s’amuse-t-elle, on pouvait lancer un programme et aller diner le temps que l’ordinateur calcule un son ! ». En mars 2010, à la biennale Musiques en scène de Lyon, Kaija Saariaho rencontrait de jeunes compositeurs et les alerterait contre le mirage technologique : « l’ordinateur n’offre pas plus que ce qu’on lui a donné : il ne peut pas imaginer à la place d’un compositeur. Composer, c’est trouver la musique en soi-même et savoir comment la transmettre. Sans quelque chose de personnel à dire, la technique n’a pas de sens. »
En écrivant entre autres pour la voix ou le violoncelle, Saariaho réussit à mettre de la sensualité dans une musique contemporaine souvent froide. Elle a créé en 2010 à l’Opéra de Lyon son troisième opéra : Emilie. Comme pour L’amour de loin en 2000 et Adriana Mater en 2006, le livret est signé Amin Maalouf. Il s’inspire de la vie d’Emilie du Chatelet, première femme scientifique des Lumières, traductrice de Newton et amante de Voltaire. L’opéra est écrit pour une chanteuse, la volcanique soprano Karita Matilla. Composer tout un opéra pour une seule voix, un défi, a motivé Kaija Saariaho tout autant que son intérêt pour ce personnage historique. Enceinte, le personnage d’Emilie pressent qu’elle perdra la vie en mettant au monde son enfant. Il ne lui reste que quelques heures pour achever la traduction de Newton sur laquelle elle travaille. Œuvre puissante, Emilie montre les angoisses d’une femme devant l’amère confrontation entre maternité et création, un thème récurrent dans l’œuvre de Saariaho.
Article écrit à partir d’un portrait paru en mars 2010 dans TGV magazine.
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