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Pulcinella à L’Heure espagnole de Favart

COMPTE-RENDU – L’Opéra Comique de Paris propose une soirée qui comblera à la fois les amateurs de ballet et d’art lyrique en combinant Pulcinella de Stravinsky et L’Heure espagnole de Ravel. Marivauder et rigoler en chantant et en dansant, que demander de mieux pour une soirée réussie ?

Le Directeur Louis Langrée a réuni pour cette nouvelle création deux œuvres « légères » à l’Opéra Comique : Pulcinella et L’Heure espagnole. On passe habilement d’un ballet (Pulcinella) à un opéra voire une « comédie musicale » (L’Heure espagnole) qualifiée ainsi par Ravel dans un sens plus littéral assurément de chacun de ces termes. L’un nous emmène à Naples en Italie, l’autre à Tolède en Espagne. En plus de nous faire voyager avec humour et d’avoir été créées au cours de la même décennie, les deux œuvres ont pour thème principal le désir mais aussi la jalousie face au sentiment amoureux.

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Astucieux décor à la Chirico

Guillaume Gallienne transpose ces deux œuvres tout en légèreté dans un décor commun conçu par Sylvie Olivé aux couleurs pastel avec au milieu une maison village composée d’une grande tour avec des escaliers sans fin, infinis comme le temps. On se croirait dans un tableau de Giorgio De Chirico (ou de Maurits Cornelis Escher). Pour Pulcinella, le décor est très épuré afin de laisser de la place aux danseurs, et l’histoire se déroule un jour ensoleillé. Au contraire pour L’Heure espagnole, la lumière devient plus tamisée, l’histoire se déroule à la tombée de nuit, et les horloges y sont ajoutées pour y cacher les amants de Concepción. Bref, cette création nous plonge une journée dans la vie d’un séducteur et une nuit dans celle d’une séductrice. 

© Stefan Brion
Pulcinella ou comment éviter les convoitises de femmes mariées

C’est l’histoire d’un séducteur, amoureux de sa fiancée mais doté d’un physique irrésistible, qui séduit deux femmes malgré lui. Leurs promis décident alors de s’en prendre à ce séducteur napolitain, mais ce dernier a plus d’une corde à son arc et va complètement retourner la situation… en faisant le mort. Le livret s’inspire de la commedia dell’arte et Stravinsky de la musique de Pergolèse

Pulcinella a en effet pour particularité d’être un ballet… chanté, mais les chants empruntés à Pergolèse ne constituent pas vraiment une narration du ballet, et ne sont même pas sous-titrés ici. Les chanteurs Camille ChopinFrançois Lis et Abel Zamora s’intègrent entièrement au décor comme habitants du quartier et témoins des différentes scènes.

L’ancienne danseuse étoile Clairemarie Osta réalise son premier projet chorégraphique de telle envergure avec Pulcinella. Elle décide de garder le vocabulaire classique avec l’utilisation des pointes et une longue robe blanche de ballerine pour la fiancée tout en ajoutant une dose d’humour avec le costume et un chapeau-melon pour le séducteur Pulcinella. Ce personnage marginal, moqué et chahuté par les autres garçons est superbement interprété par le danseur suédois Oscar Salomonsson, sosie de Charlot. Face à lui, Alice Renavand, ancienne (depuis 2022) étoile de l’Opéra de Paris, fait un retour sans-faute dans le rôle de sa fiancée sensible et délicate. Ce couple plein de charme affronte deux vamps séductrices (Manon Dubourdeaux et Anna Guillermin) et leurs conjoints machos (Iván Delgado et Stoyan Zmarzlik), impeccables dans leurs rôles de voyous. 

L’Heure espagnole ou comment trouver un amant convenable

L’Heure espagnole est l’histoire d’une bourgeoise séductrice Concepción, épouse de l’horloger de Tolède, qui s’encanaille avec plusieurs amants : un jeune poète, un banquier et un muletier-déménageur afin de trouver le bon…

Le choix du casting s’est porté sur une équipe entièrement francophone à la diction parfaite. La mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac interprète une Concepción resplendissante avec une voix chaude pleine de sensualité et malice. On comprend pourquoi tous les hommes se pavanent à ses pieds ! Le rôle du mari Torquemada est interprété par l’hilarant Philippe Talbot, cupide en horloger homme d’affaires. Benoît Rameau campe avec justesse Gonzalve le jeune poète avec une voix impeccable. Nicolas Cavallier incarne tout en finesse Inigo, un banquier avec un certain style aristocratique et une voix bien timbrée. Et enfin il y a l’hilarant muletier au timbre homogène interprété par Jean-Sébastien Bou, qui déménage les horloges selon les dires de Madame et qui interagit souvent le public. Un casting aux petits oignons avec des chanteurs lyriques drôlissimes qui ont réussi à faire rire grands et petits prouvant que Guillaume Gallienne est un formidable directeur d’acteurs.

Bref, une bien drôle de soirée Stravinsky-Ravel avec une standing ovation bien méritée qui comblera les amateurs de ballets, d’opéras mais aussi de comédies de boulevard et de marivaudage. Comme quoi on fait de tout à l’Opéra Comique

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