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Je vois, je vois… Enzo Saugar

BOULE DE CRISTAL – À la parution des distributions de la soirée Béjart de l’Opéra de Paris, on retrouve les étoiles stars de la maison, celles qui viennent d’être nommées, quelques premiers danseurs et puis Enzo Saugar. Qui est ce jeune quadrille engagé dans la compagnie en 2020 ? Quel est son secret pour être titulaire du rôle de soliste dans Le Chant du compagnon errant à tout juste 20 ans ? En tout cas, ce qu’il y a de sûr, c’est que nous croyons en lui ! Rencontre.

Son parcours

Après 9 ans de danse à Gran Canaria, île espagnole, il entre à l’école de l’Opéra “en 2015, à 13 ans, en 4eme division”. Il garde de ses années là un souvenir mitigé : “j’étais un enfant assez insolent, j’avais du mal à entrer dans le moule donc cela ne se passait pas toujours bien”. Mais cela ne l’empêche pas d’entrer dans la compagnie en 2020, lors du concours interne où il est classé premier. “J’avais de bons retours, je sentais que ça allait être possible et même s’il ne faut jamais être trop sûr de soi, j’essayais d’y croire pour me motiver”. Les premiers mois dans la compagnie ne sont pas faciles : “on fait beaucoup de remplacements, c’est un gros changement par rapport à l’école”.

Enzo Saugar au travail ©Chris Dève 
La danse n’est pas un long fleuve tranquille

En novembre dernier, il offre une très belle variation libre (Blake Works I de William Forsythe, variation de Hugo Marchand), mais il ne se voit ni promu ni classé au concours interne de promotion. C’est déjà son troisième concours sans résultat : “j’étais très satisfait de mon passage à la fois dans mon ressenti sur scène, dans les vidéos et même dans les retours que j’ai eus. Mais dans le concours il y a aussi une part de contrôle continu… Là maintenant j’ai compris. Je pense déjà au prochain, j’ai des idées de variations libres”.

Saugar à la barre !
Révélation

Si la soirée jeune danseur en juillet 2021 lui avait offert une première opportunité (l’Oiseau Bleu dans La Belle au bois dormant), c’est en avril 2023 que le grand public le découvre.
En février, pour le gala Hommage à Patrick Dupont, “il manquait à Maina Gielgud, la répétitrice, un remplaçant danseur rouge. Elle est donc venue à un cours de danse et elle m’a repéré. Le travail en studio s’est très bien passé, elle a donc proposé à José Martinez de me titulariser sur la soirée Béjart. Ça a été une super surprise !”. Il assure avec brio ses dates et touche le public qui ne l’oubliera pas ! Encore une fois, il aurait pu souffrir de la comparaison avec Hugo Marchand, lui aussi titulaire du rôle, mais Enzo est brillant techniquement et mûr dans son interprétation : “c’est vrai que j’ai travaillé pour apporter ma personnalité dans ce rôle, c’est dans les regards que j’ai pu vraiment m’exprimer”. Sa performance est réussie aussi par la cohérence du duo qu’il forme avec l’homme bleu, Antoine Kirscher : “on a très vite eu une belle connexion, on ne se connaissait pas mais on a appris en dansant”.

Première consécration ©Opéra de Paris
Garder les pieds sur terre

Enzo tient une position difficile : il enchaîne ce rôle de soliste avec la partie corps de ballet du Boléro. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, “ça n’a pas été un problème du tout, au contraire j’ai bien aimé danser dans le corps de ballet en parallèle. Le Boléro c’est une pièce que j’aime, avec sa musique hyper prenante. Cela m’a donné encore une motivation supplémentaire de me dire : ‘je fais un rôle de soliste mais regardez, je suis aussi dans le corps de ballet’”.

Voyage vers le futur

Prochain objectif ? “Le concours de promotion pour être sûr d’être mieux distribué”. On le lui souhaite, et on l’espère pour faire de cette prise de rôle non pas une exception mais une opportunité. C’est la première fois qu’on parle de lui mais sûrement pas la dernière… A très vite Enzo !

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