FESTIVAL – Sur le chemin menant à la chapelle Saint-Romain-de-Roche de Pratz, le duo formé par la violoniste Alice Julien-Laferrière et le flûtiste Mathieu Bertaud se fait guide, pour une découverte insolite des œuvres baroques inspirées par les chants d’oiseaux, dans le cadre du Festival de musique baroque du Jura.
Des gens heureux en balade
C’est devant le four communal du hameau de Saint-Romain-de-Roche que se réunissent les promeneurs, qu’ils soient confirmés, curieux ou même enfants. Tout le long des 800 mètres qui mènent à la charmante chapelle romane de Saint-Romain, Alice Julien-Laferrière et Mathieu Bertaud sont leurs guides, en beaux costumes champêtres des siècles passés. Lieu privilégié d’écoute, les oiseaux ne se privent pas de faire leur concert. C’est justement leur chant qui a inspiré nombre d’œuvres de l’époque baroque. Sélectionnées avec une tendre passion par le duo issu de l’Ensemble Artifices, celui-ci en offre un délicieux bouquet. D’étapes en étapes, les promeneurs se laissent guider par le son de la flûte ou du violon, privilégiant ainsi une marche très attentive. Le rythme de marche est calme, suivant celui de chacun, propice à écouter et regarder la nature environnante.
De Montéclair à St Saëns
Le programme de cette promenade-concert – car il s’agit bien d’un concert, bien qu’insolite – alterne judicieusement arrangements pour duo violon-flûte, pièces pour instrument seul et quelques textes lus. Jouant aussi bien des flûtes à bec, du flageolet ou du traverso, Mathieu Bertaud imite les chants d’oiseaux retranscrits par les compositeurs baroques avec agilité et naturel. La violoniste Alice Julien-Laferrière démontre également une virtuosité dans son jeu avec une aisance qui laisse surtout place à son engouement pour ce répertoire. Car les deux musiciens ne peuvent cacher leur plaisir de rencontre et de partage dans un cadre si particulier qu’est la nature : vaste et pourtant si intimiste. Cédant aux attraits des Ramages, extrait du Cinquième concert de Montéclair, à L’Hirondelle de Tartini ou même au Cygne de Saint-Saëns, les promeneur-mélomanes arrivent au bout du chemin qui mène à la chapelle romane Saint-Romain, surplombant avec magnificence la vallée de la Bienne.
Si, pour ne pas déranger la nature environnante et briser le charme de cette promenade hors du temps, les applaudissements se font silencieux à la manière des sourds-muets, ceux-ci se montrent plein de ferveur, avant de remonter doucement le chemin pour partager un repas convivial entre festivaliers et artistes.
