CONCERT – Marek Janowski ne rechigne à aucun nouveau défi ! Pas de Pape François à Toulouse pour le moment mais le grand chef allemand Marek Janowski qui se décide à rencontrer pour la première fois l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Il y dirige un programme d’incontournables : Beethoven et Schubert.
Beethoven et Schubert : les incontournables de la liturgie
Du lyrique au symphonique, après notamment une Ariane à Naxos remarquée au MET Opéra la saison passée (où il n’avait plus dirigé depuis les années 80), Marek Janowski se retrouve sur l’estrade de la Halle aux grains face à l’Orchestre National du Capitole et son public. Il connait cependant parfaitement la France pour avoir été à la tête pendant plus de quinze ans et selon beaucoup pour avoir remis au premier plan l’orchestre Philharmonique de Radio France (qu’il dirige encore régulièrement comme chef invité). Son français est d’ailleurs presque impeccable. Il a sélectionné pour cette première fois avec l’Orchestre National du Capitole deux « classiques » du répertoire austro-germanique : la première symphonie de Beethoven et la neuvième (ou huitième selon les nomenclatures) symphonie de Schubert dite « La Grande ». Ce choix n’est pas le fruit du hasard : il correspond en effet à celui qu’il considère comme la base de travail essentielle pour aborder un orchestre.
Un prêche musical intense et vivant en faveur de la tradition
S’il n’a pas rempli le stade Vélodrome, Janowski remplit en tout cas, toutes catégories confondues, la Halle aux Grains de Toulouse, fraîchement rénovée pour sa rentrée. Preuve qu’un peu de ferveur persiste aussi en musique. Il fait un pied de nez à ceux qui s’inquiéteraient de son âge : le pas est alerte, il dirige les près de deux heures de concert (entracte incluse) debout avec un geste des plus clairs, et ne montre pas le moindre signe de fatigue même à la fin où il semblerait presque prêt à remettre ça. Il fait honneur à sa réputation d’exigence : tout est le plus finement ajusté, les volumes réglés au décibel prés, les crescendos et décrescendos évoluent de notes en notes. Les contrastes, tant rythmiques que volumiques sont appréciables et les motifs repris avec une régularité impeccable. Les accélérations les plus dynamiques, dans Beethoven notamment (que quelques pupitres peinent même en quelques rares occurrences à suivre) succèdent à des tempi lents, laissant apprécier les effets comme les solistes.
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La force des anciens
Cette impressionnante mécanique s’ajoute à une lecture artistique qui permet à l’orchestre de captiver le public les deux heures durant (chose pas si fréquente). L’interprétation très vivante allie à la fois la rondeur et une certaine souplesse à des contrastes et une énergie, intenses mais maitrisés. Comme l’on peut s’y attendre elle se retrouve ainsi, bien plus dans la digne filiation des anciens maitres allemands que dans le courant baroquisant (ou du moins historiciste) plus actuel, même si elle n’en fait pas totalement abstraction concernant Beethoven.
L’avis du public
Marek Janowski rend donc l’Orchestre National du Capitale encore plus précis qu’à son habitude. Imposant un réglage au millimètre près, il rend aux « classiques » toute leur majesté. Le public conquis (d’avance ?) applaudit largement à la fin du concert. Marek Janowski se retourne même avec les musiciens pour saluer l’arrière de la salle. Il ne tarde maintenant au public qu’une chose : le retour du maestro dans la ville rose !
