CONCERT – À l’occasion de la sortie de son premier album chez Sony Classical, Florian Krumpock célèbre cet aboutissement avec un récital tranchant à la Salle Cortot ce vendredi 24 mai, faisant une ode aux compositeurs romantiques, Liszt et Chopin en tête.
Toucher : touchant
L’art de jouer du piano se distingue par la délicatesse du contact entre la machine et l’homme, une interaction presque sensuelle. Imaginez le piano comme un corps, chaque partie réagissant différemment sous les doigts du pianiste. Chaque mouvement, chaque toucher, engendre une couleur particulière, contribuant à un ensemble magique qui rend chaque interprétation unique. D’un autre côté, les partitions de Liszt et Chopin peuvent être des objets précieux, mais elles ne sont que du papier poussiéreux si elles ne sont pas interprétées avec passion et précision.
C’est ici que Florian Krumpock intervient avec une expertise digne d’un sculpteur de sons. Chaque doigté qu’il exécute, chaque geste pensé découle d’une précision absolue pour réveiller à nouveau la magie cachée dans la musique de ces grands romantiques. Comme un artiste sculptant une statue pour en révéler les détails, Krumpock révèle les couleurs et nuances de Liszt et Chopin.
Chopin – Liszt : tout un programme…
Le programme, constitué de pièces marquées par leur sensibilité, offre à l’interprète l’opportunité de démontrer toute l’émotion que cela engendre, captivant jusqu’au dernier spectateur. Liszt ouvre le concert avec « Tre Sonetti di Petrarca », pour ensuite alterner avec Chopin dans la fameuse « Sonate n°2 en si bémol mineur », continuer avec son « Prélude en ut dièse mineur » et finir avec la marquante « Sonate en si mineur » de Liszt.
Ce récital énigmatique, véritable traversée d’émotions, captive même les auditeurs moins intéressés par ce répertoire avec la « Marche funèbre » de Chopin. Krumpock occupe le terrain du drame grâce notamment à sa façon intense de gérer les silences, sim important, si éloquents. Expert dans la gestion des rythmes, il parvient à créer de la tension sans perdre le fil conducteur, permettant ainsi aux spectateurs de digérer la mélodie et d’avoir une compréhension plus large du concert. Les parties contrastantes sont montrées avec brio par un Krumpock qui gère efficacement les nuances avec un jeu musical tout en contraste.
Effleure de peau
Le concert se termine avec la « Sonate en si mineur » de Liszt, encore marquée par le rythme, mais dans un trouble tout de même différent de celui d’une marche funèbre. Le trouble, la folie et le désordre présents dans cette œuvre complexe sont digérées par Krumpock, laissant la place à toute l’expressivité de son instrument. La douceur se dévoile après l’intensité, clôturant le récital avec une œuvre brillante qui laisse l’un des meilleurs arrière-goûts pour la soirée.
À lire également : Wilde-Chopin au Théâtre du Ranelagh : un grand moment de solitude
La sensibilité du toucher déclenche des émotions variées, de la douceur la plus tendre à la passion la plus ardente. Florian Krumpock, avec la précision d’un artisan et la passion d’un amoureux, explore ces nuances pour révéler toute la profondeur des œuvres de Liszt et Chopin. Sa maîtrise technique et son expression musicale transforment chaque note en caresse, chaque accord en étreinte, emmenant le public dans son voyage émotionnel. Un récital sensuel, vous l’aurez compris…
Demandez le programme !
- F. Liszt – Trois sonnets de Pétrarque R 578 / S 270 b
- F. Chopin – Sonate pour piano n° 2 en si bémol mineur op. 35
- F. Chopin – Prélude pour piano en do dièse mineur op. 45
- F. Liszt – Sonate pour piano en un mouvement en si mineur S 178
