COMÉDIE MUSICALE – Aborder un sujet tabou qui touche toutes les femmes, quel que soit leur milieu social : c’est le pari d’Alex Goude avec sa comédie musicale déjantée sur la ménopause où les grands tubes français sont joyeusement détournés pour évoquer libido en berne, bouffées de chaleur et prise de poids. Une pièce populaire, légère et drôle avec des blagues graveleuses à découvrir au Théâtre du Grand Point-Virgule jusqu’en janvier 2026.
Il en faut du courage pour monter un spectacle sur la ménopause, l’un des derniers grands tabous de notre société obsédée par l’illusion d’une jeunesse éternelle, à coups d’injections et de bistouris. Pourtant, la ménopause est un passage incontournable pour toutes les femmes à partir d’un certain âge. Et avec elle, son lot d’effets secondaires : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, prise de poids, sautes d’humeur… À la fin de la soirée, on devient incollable sur le sujet !
Quatre femmes, plus dans le vent ?
L’idée de départ : quatre femmes, quatre parcours de vie, quatre façons d’appréhender ce bouleversement hormonal. Le tout, aux Galeries Lafayette où chaque étage devient un prétexte à une réflexion sur la ménopause. Tout commence par une dispute autour d’un soutien-gorge rouge soldé. Ces femmes, qui n’ont rien en commun a priori – une mère catho de famille nombreuse, une actrice botoxée en mal de rôles, une PDG des glaces Magnum, et une bobo soixante-huitarde, adepte des joints et de l’amour tantrique – se découvrent un point commun, en plus de la lingerie coquine : elles traversent toutes les quatre la ménopause.
Alors oui, ce n’est pas toujours très crédible et l’écriture navigue entre facilité et humour grivois. On est clairement dans la comédie de boulevard facile, avec des jeux de mots parfois douteux, des blagues très axées sur la sexualité et des clichés assumés comme la mamie qui se tape son jardinier. Si l’objectif est clairement de faire rire (et le public féminin rit beaucoup), on regrette que l’humour outrancier prenne parfois le pas sur une approche plus subtile et témoignage sincère. Mais on a compris : c’est pas l’idée.
Cinquantaine rugissante
Ce qui sauve vraiment le spectacle, ce sont les quatre interprètes : Dominique Magloire, Marion Posta, Marianne Viguès et Patricia Samuel. Comédiennes, chanteuses et performeuses. Elles débordent d’énergie, chantent super bien et se donnent, enchaînent les scènes avec une vraie complicité. Une vraie dynamique de groupe, fluide, joyeuse et généreuse. La sororité comme on l’aime.
Côté musique, on exhume des tubes français bien connus avec des paroles détournées autour des effets secondaires de la ménopause. Certaines adaptations fonctionnent bien « On est « ménopausées » sur l’air de Papaoutai de Stromae, d’autres sont un peu faciles : « Bouge ton gras » à la place de Bouge de là de MC Solaar ou encore « Pas de petit cookie » à la place de « Pas de boogie-woogie » d’Eddy Mitchell.
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Le public, essentiellement féminin et quinquagénaire, semble y trouver son compte et rit à gorge déployée. Quelques hommes, visiblement venus à reculons, finissent eux aussi par se laisser prendre au jeu – preuve que la ménopause est un sujet qui peut faire rire. Et puis, il faut le dire : ça fait du bien de voir des femmes de plus de 50 ans parler de leur corps, de leurs désirs, de leurs peurs avec autant de liberté et de culot. Ce type de parole décomplexée libère et accompagne d’autres femmes dans cette étape. D’ailleurs, le succès est bien là : jouée depuis 2019 et prolongé jusqu’en janvier 2026, cette comédie musicale a bel et bien trouvé son public.
