BANDE DESSINÉE – Connue pour ses albums jeunesse pleins de chiens farceurs, Dorothée de Monfreid signe avec Fantaisie lyrique (Charivari, 2025) une BD aussi drôle que sensible. En suivant la création de L’Enfant et les sortilèges de Ravel à l’Opéra de Paris, elle découvre les coulisses du monde lyrique — et nous fait partager son émerveillement.
Une BD pour les grands enfants (dont nous)
Le soir, chez nous, Dorothée de Monfreid rime avec histoire du coucher. Les enfants réclament « les toutous » tous les soirs. Mais cette fois, Fantaisie lyrique, c’est NOTRE album du soir. Pas de croquettes ni de capes de super-héros : place à Ravel, Colette et aux techniciens et techniciennes de l’Opéra de Paris.
Et surtout, place à Dorothée de Monfreid elle-même, qui se dessine dans les coulisses, carnet à la main, un peu intimidée, surtout fascinée. L’autrice se transforme en exploratrice d’opéra candide, drôle, un brin poétique.
Trois intrigues, une mélodie
La réussite de cet album, c’est ce montage en trois dimensions :
– l’histoire de Colette et Ravel, au moment où naît L’Enfant et les sortilèges,
– le quotidien de l’équipe de l’Opéra de Paris, entre ateliers, lumières et répétitions,
– et le regard de Dorothée, qui découvre ce monde avec la même curiosité qu’une enfant au musée des merveilles.
Résultat : on saute d’une époque à l’autre, d’un atelier couture à un salon littéraire, sans jamais perdre le fil. Le ton reste léger, vif, pétillant comme une ritournelle d’operette.
“La responsable du flou” et autres merveilles
L’un des charmes de Fantaisie lyrique, c’est cette galerie de métiers qu’on croise rarement. Un jour, Dorothée rencontre “la responsable du flou”, fonction ô combien poétique : c’est celle qui gère les tissus souples, les voiles, les drapés. Un autre jour, elle voit une costumière « agrandir la grenouille » ; comprenez : ajuster le costume du chanteur qui joue le rôle du batracien. Ces scènes minuscules valent toutes les grandes envolées. On sent qu’elle observe chaque geste. Son œil traque le détail avec un mélange d’humour et de tendresse, et son trait tout en mouvement rend palpable le bruissement des coulisses.
Du dessin à la musique
Ce qui séduit, c’est que la musique passe dans le dessin. Sans note ni portée, Dorothée de Monfreid fait entendre l’opéra : les répliques des chanteurs, les bruits des cintres, le froissement des tulles.
L’autrice n’analyse pas l’art lyrique, elle l’écoute vivre. Ce regard candide à hauteur d’enfant émerveillée rend son livre irrésistible.
Une fantaisie tendre et contagieuse
Fantaisie lyrique n’est pas une BD sur l’opéra : c’est une BD dans l’opéra. On y entre par curiosité, on en ressort conquis, un air de Ravel dans la tête.
On apprend en souriant, on découvre des métiers insoupçonnés, on comprend que l’opéra, avant d’être une scène, est une ruche humaine.
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Cette « fantaisie » rappelle, mine de rien, que l’art n’a rien d’élitiste quand on sait le raconter avec humour et tendresse.
Pourquoi on aime ?
- Parce qu’on retrouve le trait malicieux de Dorothée de Monfried, transposé dans un monde lyrique plein de poésie
- Parce que cette BD rend hommage aux artisans de l’opéra, souvent invisibles
- Parce qu’on sent, planche après planche, une vraie histoire d’amour qui commence : celle de l’autrice avec l’Opéra de Paris
C’est pour qui ?
- Pour les amoureux et amoureuses d’opéra (et les autres, qui vont le devenir)
- Pour les lecteurs et lectrices de BD qui aiment l’humour à hauteur d’humanité
- Pour toutes celles et ceux qui ont déjà rêvé de passer une journée dans les coulisses de l’Opéra de Paris
