COMPTE-RENDU – Le Trio Metral, dans sa nouvelle configuration, se produisait jeudi 8 juin dans un palais en ville, siège de la Fondation Singer-Polignac. Un concert aussi éblouissant que son cadre.
Un palais en ville
Au 43 avenue Georges Mandel, dans le Nord du très chic 16e arrondissement de Paris, se trouve un véritable palais en ville : l’hôtel de Polignac, construit en 1904 pour le compte de la princesse Edmond de Polignac. Fille d’Isaac Singer, l’inventeur de la machine à coudre électrique, qui révolutionna la vie de millions de ménagères, Winaretta Singer épouse en 1893 le prince (et compositeur à ses heures) Edmond de Polignac. Pianiste, claveciniste, organiste, amoureuse des arts et riche à millions, elle fut une mécène indispensable pour la musique du début du 20e siècle en France. Dans son hôtel particulier furent par exemple créés Les Noces et Oedipus Rex de Stravinsky, le Concerto pour orgue, percussions et timbales de Poulenc, la Sonatine de Ravel ou encore Iberia d’Albeniz.
Pour en savoir plus, nous recommandons fortement la lecture de l'excellent livre de la musicologue américaine Sylvia Kahan : Winaretta Singer-Polignac - Princesse, mécène et musicienne
Depuis le décès de la princesse, en 1943, la Fondation Singer-Polignac poursuit son action de mécénat et d’encouragement de la création musicale, notamment via l’animation d’une résidence artistique ouverte à des jeunes solistes, ensembles et compositeurs. Choisis avec soin, elle les accueille toute l’année, pour des répétitions ou la réalisation d’enregistrements discographiques et audiovisuels. Ces artistes en résidence y donnent régulièrement des concerts, dans un salon de musique à l’acoustique parfaite.
Le Trio Metral : un nouveau venu ? Pas tout à fait…
C’est là que s’est produit le Trio Metral, jeudi 8 juin, pour un concert assez magistral, constitué du Trio avec piano Elégiaque n°1 de Serguei Rachmaninov, du Trio avec piano n°2 de Dmitri Chostakovitch et du Trio en la mineur M.67 de Maurice Ravel. Au départ, le Trio Metral est une affaire de famille, avec Victor au piano, Joseph au violon et Justine au violoncelle. Si Joseph et Justine ont choisi d’autres chemins musicaux, Victor est resté et a été rejoint par Laure Hélène Michel, chambriste de cœur, et Nathan Mierdl, tout jeune et déjà très talentueux premier violon solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. À eux trois ils forment un trio puissant, qui emporte tout sur son passage, y compris les cœurs des auditeurs présents ce soir-là !
Quand Metral rime avec magistral
La technique de chacun est parfaite et maîtrisée, les regards se croisent pour une synchronisation fine des interventions, des respirations et des nuances, le message esthétique et musical de chaque oeuvre est rendu au mieux. On est alors frappé par leur capacité à immerger le public au cœur des émotions de chaque pièce, qu’elles soient pathétiques et introspectives chez Rachmaninov, burlesques, absurdes et teintées de romantisme désabusé chez Chostakovitch, subtiles, irisées et d’extérieur chez Ravel. En bref, ils nous emportent. Leur énergie est communicative et nous ne saurions trop vous conseiller de réserver vos places pour les concerts où ils se produiront cet été !
Pour revoir l’intégralité du concert, en libre accès sur le site de la Fondation Singer-Polignac : https://festival.singer-polignac.tv/jeudi-8-juin-2023-20h/
