BALLET – Le théâtre Montansier à Versailles a eu la joie d’accueillir pour la deuxième fois cette année la compagnie de danse Incidence Chorégraphique. Mélangeant classique et contemporain, mythe et originalité, technique et harmonie, la danse est ici mise en valeur via un défilé.
Un chapelet de pièces courtes
Trois représentations d’une heure pour présenter six pièces de ballet constituent le spectacle Nouvelle Donne à Versailles. Ces extraits sont traités comme extraction de l’essence de la danse. Le plus célèbre des ballet est exhibé par le pas de deux de l’acte II du Lac des Cygnes. La prouesse technique est démontrée à travers plusieurs passages du Corsaire. La danse contemporaine est illustrée par l’alchimie de Triade de Millepied et trois créations d’Yvon Demol. Ces six pièces ont en commun la brièveté de leur durée, avec parfois des scènes du Corsaire d’une minute donnant presque l’impression d’exercices.
Une revue des talents
La compagnie a pour but de développer les créations chorégraphiques tout comme de faire sortir de Garnier les danseurs de l’Opéra de Paris. Sept danseurs coryphées et sujets se partagent la scène. La fierté du jour des directeurs artistiques est d’avoir confié avec succès le rôle très exigeant du Corsaire au jeune espoir Hortense Millet-Maurin. Yvon Demol, l’un des directeurs de la compagnie profite de ce théâtre d’expression pour dévoiler ses propres créations, Clair de Lune, Truth et un Boléro. Il parvient à synthétiser une harmonie, une impression de bulle d’apesanteur et une énergie toute particulière qui ne vient pas seulement des bras et des jambes mais aussi des fesses dans le Boléro ! Son travail sur l’équilibre des rôles et la désarticulation du bassin participent à l’appréciation du spectacle.
Une parade nuptiale
La salle plongée dans l’obscurité, les danseurs habillés dans des tons sombres, la projection de la lumière sur le reste de leur chair, Naïs Duboscq et Andrea Sarri semblent briller dans le Pas de deux de Triade. Penché l’un sur l’autre, les bustes ondulent, les corps se cherchent, voulant saisir l’attention du partenaire. Tels les premiers instants d’un état amoureux, où douceur, quête, captation de l’attention et hésitation des premiers rapprochements, les corps s’animent et s’attirent. Les portés aux articulations presque désaxées viennent balancer les torsions et cambrures. Millepied choisit de mettre à l’épreuve la souplesse des muscles et articulations. Le défi est relevé avec brio !
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Une démonstration de force
Après cette parade amoureuse brillante, le programme vient nous impressionner d’une autre manière. Quatre scénettes du Corsaire s’enchaînent à un rythme et une musique presque martiaux. Les « whaw » et les applaudissements fleurissent à la démonstration des possibles techniques. Saut de basque et coupé jeté en tournant manège pour lui, nombreux fouettés pour elle. Cet aspect grand, époustouflant et impérial de Petipa est suivi par l’originalité d’une chorégraphie du Boléro de Ravel. Bien que le son (enregistré) du tambour vienne clôturer la danse, l’esthétisme est privilégié à la montée en puissance.
A l’image du Final, qui est un salut chorégraphié, ce spectacle est intéressant et surprenant. Il rassemble douceur, charme, glamour comme énergie, tension et intensité. Le liant n’est pas présent mais l’enthousiasme est suscité puisque dans cette diversité chacun peut être touché et trouver ce qui lui plaît, l’objectif de cette nouvelle donne !
