CONCERT – En une soirée de novembre – le 17 pour être exact – un voyageur fait route vers un lieu de légende : le Théâtre des Champs-Élysées. En son sein, un trésor : un piano. Et mieux encore, un piano actionné par Dmitry Masleev. Mais en bon lecteur de fiction, vous savez que les meilleurs romans d’aventures commencent toujours par un événement imprévu.
Changement de programme, Passepartout !
Imaginez donc : les fresques Art déco, les dorures, la scène aux rayons solaires … Même les explorateurs les plus blasés par notre belle capitale sont encore sensibles au charme d’une telle merveille d’architecture. Et l’expérience acoustique ! S’il y a bien une salle dans laquelle venir écouter un récital pour piano peut promettre quelque chose de grandiose, c’est bien celle-là.
Vous pourriez rétorquer qu’un programme incarne l’inverse même d’une aventure. Qu’un programme de concert, rigide et planifié d’avance, c’est un peu le Club Med de l’épopée. Où est l’inattendu ? Eh bien, figurez-vous que le TCE avait anticipé cette critique et décidé de nous surprendre : au lieu de jouer ce qui était annoncé (sur le site et sur les écrans), Dmitry Masleev a exécuté les morceaux qui figuraient sur le programme papier… disponible à l’entrée du Théâtre, pour 10 euros, et censé, lui, être exact. Enfin, ce dont nous pouvons vous assurer, c’est qu’une partie de la salle – qui avait pourtant payé sa place – se retrouvait à assister à un concert à l’aveugle, et ce, sans un mot d’excuse ou un geste des organisateurs.
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Si vous nous demandez ce que l’on a entendu, nous ne nous engagerons donc pas trop : le Théâtre avait décidé de nous priver de carte pour naviguer, nous avons donc erré à tâtons. Il y a eu du Rachmaninov, du Liszt ou encore du Moussorgski, cela nous pouvons l’assurer. Quant à vous donner l’ordre ou les titres…
A défaut de pouvoir compter sur le programme initial, nous avons pu compter sur nos oreilles, qui nous ont confirmé que Dmitry Masleev est un pianiste virtuose, techniquement implacable qui plus est : les passages et morceaux véloces sont assurément son point fort. La partie plus mélancolique et contemplative du répertoire a cependant moins convaincu, son style marquant une distance émotionnelle vis-à-vis de la partition et de l’instrument, comme si le musicien se refusait à aller jusqu’à investir les choses personnellement. Cependant, nous ne doutons pas que cette qualité supplémentaire saura éclore au fil de sa carrière.
Aventuriers, vous voilà prévenus !
