CONCERT – Dans le cadre de son 30ème cycle « Jeunes talents- premières armes », en collaboration avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de paris, la Saison musicale des Invalides accueille le jeune pianiste Pierre Desangles pour un récital saisissant de virtuosité et d’émotion, autour des Sonates de guerre de Prokofiev.
Louis XIV, célèbre mécène des arts, voit son portrait trôner fièrement dans le Grand salon de l’Hôtel des Invalides, accueillant ainsi une nouvelle génération de musiciens talentueux. Le 30e cycle « Jeunes talents – premières armes » s’inscrit dans la continuité de ce partenariat fructueux entre le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris et la Saison musicale des Invalides.
Rythmes de guerre, notes d’émotion
En ce lundi midi, les murs résonnent des notes poignantes du pianiste Pierre Desangles, un virtuose émergent. Sa passion et son talent se mêlent dans une interprétation audacieuse des Sonates de guerre de Prokofiev. Bien qu’initialement conçu comme un spectacle complet, le programme « Pas de guerre » est aujourd’hui présenté dans une version entièrement instrumentale. Les sonates 6 à 8, composées pendant la Seconde Guerre mondiale, dévoilent la puissance émotionnelle et la singularité d’un Prokofiev audacieux, déversant ses émotions avec une liberté étonnante.
Puissance et maîtrise pour un hommage silencieux
La Sonate n°7 résonne d’un hommage discret mais significatif à Alain Raës, professeur marquant de Pierre Desangles disparu le 22 juin dernier. Les mains agiles du pianiste dansent sur le clavier, capturant l’essence inquiète et éloquente de l’Allegro inquieto. Les contrastes saisissants, des phrasés affirmés aux caresses délicates, transportent le spectateur dans un univers aussi complexe que captivant. L’exécution magistrale du premier mouvement de cette sonate prend une dimension orchestrale, équilibrant habilement les parties dans un exercice délicat. Les harmonies métalliques, froides et tranchantes, soutiennent une écriture rythmique prédominante. L’investissement physique du pianiste est tel qu’une touche se coince mais Pierre Desangles, loin de se laisser démonter, surmonte cet obstacle avec une maîtrise impressionnante. La plupart des auditeurs n’y entendent que flamboiement.
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Pierre Desangles offre des nuances lyriques justifiées par des élans musicaux réfléchis. Sa technique solide s’accompagne d’une interprétation chargée de sens et d’émotion. L’artiste prometteur semble destiné à développer une conscience mélodique encore plus audacieuse et caractérisée au fil des années, enrichissant ainsi davantage ses performances déjà exceptionnelles.
En guise de remerciement, Pierre Desangles offre en bis un moment plus léger, le Nocturne op.55 n°1 en fa mineur de Chopin. Une tendresse puissamment touchante conclut ce récital saisissant de virtuosité et d’émotion aux Invalides.