JEUNE PUBLIC – L’Orchestre National du Capitole de Toulouse présente un Concert en famille à la Halle aux Grains avec la récitante Elodie Fondacci accompagnée d’un orchestre de chambre; un spectacle positivement pédagogique mis en scène par Scénorama. Deux représentations le même dimanche, à 11h et 16h.
Étoile vibrante
Ce spectacle raconte l’histoire d’Arthur, un garçon qui entend la musique des étoiles. Lorsque cette dernière disparaît, il part en quête de réponses, rencontre Monsieur Octave, astrologue et musicien amateur qui partage ce rapport aux astres. Ils vont tâcher de retrouver les mélodies des différentes étoiles, et de trouver d’autres personnes pour les chanter et ainsi raviver la musique des étoiles, aidée de Céleste, collègue de classe d’Arthur.
Cette petite histoire trop mignonne est présentée par Élodie Fondacci, aidée d’un orchestre de chambre (Quatuor à corde, Harpe, Flûte, Clarinette et Piano/Célestas). Le texte et la musique se succèdent, s’entremêlent et s’accordent dans un programme principalement Debussy et Ravel, avec une pointe de Satie et d’Honegger. Parfait pour les enfants !
La fiche technique
La scène est organisée en plateau à 3 niveaux :
- Le premier n’est qu’un petit carré près du public
- Le second prend toute la scène et accueille l’orchestre à gauche et la chambre d’Arthur à droite, représentée par des tissus et oreillers.
- Le troisième monte encore d’un étage et se trouve un niveau d’un grand écran de projection. Derrière cette scène, une tranchée qu’Élodie utilise pour faire un cache-cache.
- La musique, et les arrangements sont de qualités et d’une grande finesse, c’est l’occasion d’enfin pouvoir profiter du son de la harpe sans qu’il soit couvert par l’orchestre, et d’entendre en isolation les différents timbres des instruments.
- Environ 50 minutes de spectacles, 8 morceaux interprétés en tout ou partie, avec des mélodies récurrentes.
Parler au sens
Pour capter l’attention capricieuse des enfants sur la longueur, le spectacle a quelques petits « tips » :
- D’abord, l’histoire est très accessible et Élodie Fondacci utilise un placement vocal chaleureux et apaisant, varie les inflexions et change complètement de voix pour le personnage du vieux mentor, Monsieur Octave. Elle infuse sa gestuelle de mouvements plus enfantins (marchant comme sur un fil, déséquilibrant son centre de gravité…) pour créer de l’empathie. Elle utilise efficacement l’espace, changeant de niveau selon les adresses.
- La musique, les timbres et les effectifs varient, la musique et le texte s’associent fluidement, par exemple en faisant parler le violoncelle pour signifier le chant de Monsieur Octave, la flûte pour celui d’Arthur… Le célesta n’est employé qu’assez brièvement, mais son timbre marque et surprends les jeunes esprits.
- Mais ce qui apparaît comme le plus efficace pour capter et récupérer l’attention du jeune public, c’est le visuel : c’est là où l’écran de projection et les lumières se révèlent être des outils dramaturgiques inestimables. Les passages au noir, les changements de couleurs pour les saisons, le grand cercle noir (souvent rempli d’une carte des constellations) au centre de l’écran, l’apparition de l’étoile du berger, d’étoiles filantes, et d’une multitudes d’astres, dépassant les limites de l’écran pour le final sont autant de moments qui raccrochent immédiatement l’attention et sont sujets à des « wow » ou remarques expressives.
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Éponges de musique
L’impact de la musique sur le développement cérébral des enfants (et sur le cerveau en général, quel que soit l’âge) est de plus en plus documenté ; on sait que la reconnaissance des hauteurs, des timbres et des mélodies sont autant d’excellents exercices pour le cerveau. Dans la décomposition des timbres, des arrangements et dans l’utilisation de Leitmotiv (La fille au cheveux de Lin de Debussy est le plus utilisé, celui de l’étoile du Berger), tous les éléments sont là pour stimuler la neuroplasticité.
Le livret est très bien réalisé, remplis d’images, de petits textes sur l’histoire, de jeux ou questions sur les planètes et les instruments. Il pousse l’enfant à réfléchir sur son ressenti, à laisser libre court à son imagination, à dessiner… Outil idéal pour occuper et stimuler l’enfant.
Un public pas comme les autres
Très bien pensé et réalisé sur tous les points, un tel spectacle reste un exercice difficile : les enfants se laissant facilement distraire, manifestant leur enthousiasme (et parfois leur impatience) de façon vocale : dur de rester assis et silencieux !
Mais la concentration à toute épreuve des artistes n’a pas été ébranlée, et c’est un public familial enthousiaste qui ressort de la Halle au Grain, chantonnant tout un chacun le leitmotiv de l’Étoile du Berger : du Debussy plein la tête et les oreilles. Pas mal, non ?
