La cave au plafond, ep.2 : L’éternité commence à Beaune

CONCERT – Le Festival Beethoven à Beaune se clôt aux Hospices de Beaune avec le monumental Quatuor pour la fin du temps de Messiaen, terminant ainsi sa 6^ème édition dans des heureuses teintes du présent partagé.

C’est dans la salle Saint Nicolas des Hospices de Beaune, où l’on accueillait et accompagnait les malades les plus graves jusqu’à leur dernier souffle, que le Festival Beethoven à Beaune présente le dernier concert de la saison. Pour faire écho à la spiritualité qui règne encore dans ce lieu, le violoncelliste Sung-Won Yang, directeur artistique du festival, a concocté un programme alliant ancien et moderne pour mieux plonger dans l’éternel présent magnifié par le Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen.

Bach piano, Beethoven appassionato

Bach a suscité l’admiration de nombreux compositeurs et interprètes, même les plus ancrés dans leur modernité. C’est ainsi qu’existent plusieurs transcriptions de son œuvre pour piano, notamment par Ferruccio Busoni, Alexander Siloti et Myra Hess. Le pianiste Enrico Pace en a sélectionné quelques-unes des préludes de chorals les plus connues, leur apportant une lumière pianistique romantique. Avec un touché toujours très sûr, il n’hésite pas à user de rubato et de faire ressortir la mélodie du choral de façon particulièrement détachée – disons même lourde, contrastant fortement avec la souplesse des voix intermédiaires. Si elle en attendait, l’oreille habituée aux interprétations historiques n’aura qu’à trouver ailleurs la spiritualité de ces préludes. Avec son complice Sung-Won Yang, le pianiste accompagne très agréablement la grande sensibilité du violoncelliste dans la Sonate pour violoncelle et piano n°4 de Beethoven. Les deux musiciens font preuve d’intentions communes, aux progressions joliment conduites et aux couleurs dosées avec délicatesse, proposant une interprétation allant au-delà de leur indéniable maîtrise instrumentale.

L’éternité, ici et maintenant

Alors qu’il était emprisonné en Silésie, Olivier Messiaen compose pour ses compagnons de fortune le Quatuor pour la fin du temps, bouleversante œuvre s’inspirant d’un extrait de l’Apocalypse où l’Ange annonce la fin du temps. Malgré sa difficulté, technique et émotionnelle, l’interprétation d’aujourd’hui est exceptionnelle et donne un véritable avant-goût d’un temps qui n’existe plus. L’investissement et la symbiose des quatre instrumentistes ne font jamais défaut, offrant une très à propos Danse de la fureur, pour les sept trompettes. Mais ce sont particulièrement les mouvements les faisant entendre seuls ou quasiment qui transportent, à commencer par le clarinettiste Han Kim. Son long mouvement Abîme des oiseaux est un moment subliment hors du temps. Le vrai chant d’oiseaux, en fond depuis la cour des Hospices, ajoute une magie unique à l’expérience.

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Agilité, aisance, conduite des phrasés, couleurs et nuances… tout est absolument parfait dans la proposition de ce jeune musicien coréen. Sung-Won Yang offre un non moins beau Louange à l’Eternité de Jésus, incroyable longue phrase étirée et superbement soutenue par une intensité intérieure. L’accompagnement de Enrico Pace est peut-être un petit cran trop fort dans la première partie, parvenant à s’équilibrer par la suite. Enfin, la violoniste Liza Ferschtman propose une Louange à l’Immortalité de Jésus vibrante et vivante, à l’expressivité touchante. C’est sur cette touche à la lumière céleste que se termine le concert et le festival. Mais c’est sous les applaudissements admiratifs du public beaunois que résonne cette espérance de partager de nouveau des plaisirs partagés pour l’année prochaine !

Demandez le programme !

O. Messiaen – Quatuor pour la Fin du Temps