DANSE – Le ballet coup de poing où la boxe percute la danse – « Boxe Boxe Brasil », né d’une rencontre entre Mourad Merzouki et de jeunes danseurs brésiliens lors de la Biennale de la danse de Lyon en 2006 revisite l’une des pièces phares du chorégraphe « Boxe Boxe » (création 2010). Cette nouvelle version, empreinte de l’énergie fougueuse du Brésil offre un ballet hybride où la danse et la boxe se percutent pour se sublimer.
Jeu de jambe
« Boxe Boxe Brasil » est un ballet où la danse adoucit la boxe pour créer une expérience percutante. Le chorégraphe Mourad Merzouki, figure emblématique du hip-hop hexagonal, ne cesse de repousser les frontières de sa discipline, redéfinissant les codes avec une énergie débordante. Son style unique, mêlant hip-hop aux arts martiaux, à la musique, au cirque, aux arts plastiques et numériques est reconnaissable entre mille.
De retour au Théâtre du 13ème art cet été après Zéphyr en juin, Merzouki revisite Boxe Boxe, un de ses spectacles emblématiques où il conviait le Quatuor Debussy, éminent quatuor français à partager la scène avec des danseurs hip-hop. Pour cette nouvelle version, il s’associe à des interprètes cariocas, originaires de Rio de Janeiro, révélés dans son spectacle Agwa avec l’intention de « les emmener plus loin dans leur exploration du mouvement et du métissage des genres. »
Ring Quartet
La lumière révèle une scène transformée en ring, entourée du quatuor composé de deux violons, un alto et un violoncelle tranquillement assis sur des chaises dans les quatre coins. Une dizaine de gants de boxes jaunes surgissent, portés par des danseurs que l’on devine à peine, cachés par un voile. Un ballet de poings précède l’apparition des danseurs qui émergent un à un de ce ring exigu, prêts à livrer une performance qui décoiffe.
Rapidement, les tableaux s’enchaînent pendant une heure autour des accessoires emblématiques de la boxe : punching balls, poires de vitesse, sac de frappe, casques de protection, cordes … Les musiciens assis sur des fauteuils à roulette, se retrouvent parfois piégés dans les filets du ring, au cœur des combats créant une interaction constante avec les boxeurs. Leurs instruments à cordes, sur des airs allant du classique de Verdi ou Dvorak au flamenco ou aux mélodies du guitariste brésilien Luiz Bonfá, accompagnent les mouvements des danseurs, chaque note déclenchant un type de coup : direct, croché, uppercut, low kick…
Noble art
Au milieu de ce spectacle insolite un arbitre au costume noir et jaune symbolisant « une poire de frappe », caricature les gestes des boxeurs ajoutant une touche d’humour et devenant malgré lui l’animateur de ce ballet pugilistique. Loin de la violence inhérente à la boxe, Mourad Merzouki insuffle une dimension poétique à cette lutte pour l’affirmation de soi. Des combats au ralenti, presque cinématographiques comme cette arrivée de trois boxeurs encapuchonnés dans leurs peignoirs sublimés par des lumières rouges, transportent le public dans un univers onirique, suspendu dans le temps.
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Les punching balls jaunes deviennent quant à eux des véritables partenaires de danse, s’interposant entre les danseurs comme des métronomes leur permettant aux danseurs de garder le rythme avec les musiciens. Il convient de souligner la performance exceptionnelle des neufs danseurs brésiliens, maîtrisant à la perfection des figures acrobatiques du breakdance notamment au sol. Le salut final est un enchaînement hallucinant de « freeze », où les interprètent maintiennent des positions instables pendant plusieurs minutes, laissant le public K.O.
