DANSE – En collaboration avec le Ballet de l’Opéra de Bordeaux, Angelin Preljocaj inaugurait en 2022 sa nouvelle création : Mythologies. Après une tournée d’ampleur, le Minotaure, Zeus et les autres naïades reviennent enchanter le public du Grand Théâtre en ouverture de la saison danse de l’Opéra National de Bordeaux. Passionné par les artistes de son temps, Preljocaj invite Thomas Bangalter à la musique. L’ex Daft Punk signe sa première composition orchestrale.
La Preljocaj touch !
Issu du ballet classique, Preljocaj en conserve le langage. Couronnes élégantes, portés élancés et virtuosité sont au rendez-vous. Pour autant, le ballet est bien contemporain. Autant dans la forme, avec des (chutes au sol inattendues, bras désarticulés, cadence athlétique) que dans le fond, par des thématiques et une narration moderne. Chapeau bas aux 20 danseurs et danseuses qui livrent une performance sans fausse note ! Les costumes sont remarquables : les drapés, presque vaporeux, dialoguent avec les lumières dans un modernisme épatant.
Voyage vers l’Olympe !
Les figures légendaires se succèdent dans une frénésie créative (et ludique !). On y fait par exemple la rencontre des amazones, sororité de femmes pas toujours commodes, mais résolument puissantes. Puis c’est Persée qui, pour éviter le regard de Méduse, enfile un casque miroir (un clin d’œil au Daft Punk ?). Le récit bascule dans l’horreur avec le labyrinthe du Minotaure : par des effets de vidéo et de décors, l’illusion fonctionne. On assiste au tragique destin d’une jeune fille sacrifiée au monstre dans une scène de viol d’un réalisme glaçant. Enfin, vient Icare qui, par orgueil, oublie qu’il n’est qu’un homme et s’en brûle les ailes.
Vieux mythes, vraiment ?
Le ballet s’ouvre sur une bande de catcheurs masqués qui se défient avec humour. Le ton est donné. C’est le théâtre de la vie qui se déroule, celui où chacun joue un rôle et où la violence des mythes résonne avec celle du monde actuel : pouvoir, guerre, destruction… C’est non sans ironie que se succèdent des tableaux traversant les récits qui ont bercé nos imaginaires collectifs, et qui finalement ne semblent pas si lointains…
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Le ballet est truffé de références et d’interprétations, qu’on vous laisse le plaisir de découvrir jusqu’au 11 octobre à l’Opéra National de Bordeaux. Plus qu’une fresque sur des vieux mythes, Preljocaj et son équipe posent un regard, peut-être un peu sombre, quoique lucide sur notre humanité.
