DANSE – Le Festival Montpellier Danse consacre le dernier weekend de sa 44ème édition à deux chorégraphes marquants de la danse contemporaine : après la soirée Merce Cunningham, retour sur la dernière création d’Angelin Preljocaj : Requiem(s).
Cette soirée de clôture du festival s’est tenue à l’Opéra Berlioz, superbe salle de 2000 places construite en 1989. La musique dynamique et moderne s’enclenche avant l’extinction des lumières, le public exalté applaudit avant même que le rideau ne se lève. Il ne s’y trompe pas : c’est le prélude d’une grande soirée !
Le prisme Preljocaj
Les ensembles sont parfaitement chorégraphiés, réglés au millimètre et très bien interprétés par la compagnie maison du chorégraphe, le ballet Preljocaj. Les séquences pleines d’énergie avec des lumières stroboscopiques s’équilibrent avec les moments plus intimes. Les mouvements se répètent parfois en canon, à d’autres moments ce sont plusieurs couples mixtes qui investissent la scène en interprétant à leur manière un même sentiment, dans une sorte de kaléïdoscope ou la même lumière devient un spectre de couleurs riches.
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Ça parle de quoi en fait ?
Après Mythologie, sa création de 2022, cette fois le thème est d’apparence plus sombre, et tourne autour des rituels de mort. Les différentes scénettes s’enchaînent très proprement : tantôt les transitions sont des ruptures tantôt des liaisons douces. Comme tableau, on retient l’ouverture avec ces trois berceaux suspendus d’où descendent des danseurs, mais aussi l’épisode où une danseuse apparaît comme désarticulée et guidée par deux autres interprètes.
Quand le doigt montre la Lune…
La danse est très expressive et intelligible, et longtemps nous restera en tête ce mouvement de bras qui d’un massage cardiaque se transforme en bercement de nourrisson. Un groupe de femme entrant en petits pas sur demi pointes rapelle immédiatement les Willis du ballet romantique par excellence : Giselle. Une autre scène dans laquelle les danseurs jouent à se “faire porter le chapeau” est pleine de malice.
Ce canevas d’image est parfois accompagné d’images projetées, à peine trop explicites, qui nuisent à la finesse de la pièce. Heureusement, elles s’estompent peu à peu, pour mieux laisser place à notre imagination.
Les dix-huit danseurs prennent plaisir à danser, et a se voit ! Paradoxalement beaucoup de joie et d’énergie qui émane de ce spectacle autour de la mort et de ses rituels. Angelin Preljocaj n’a pas fini de nous surprendre et s’affirme encore une fois comme un chorégraphe majeur de notre époque.