COMÉDIE MUSICALE – Ars Lyrica poursuit son œuvre et revisite les classiques de la comédie musicale. Après Chantons sous la pluie, la joyeuse compagnie revient au Grand Théâtre de Provence avec un monument du genre, La Mélodie du Bonheur. Proposée dans sa version originale de Broadway en 1959, qui présente quelques différences avec le film de Robert Wise qui l’a rendue célèbre en 1965, l’œuvre séduit à l’évidence le public Aixois, qui ne laisse quasiment aucun siège libre.
Un peu de douceur dans ce monde de brutes
La mise en scène de Johan Nus et Anne Richard se veut résolument sobre. Les différents lieux de l’intrigue sont figurés par quelques éléments de décor mobiles, plusieurs fois ré-agencés, devant une toile tendue en milieu de scène représentant les Alpes Autrichiennes. Un jeu d’éclairages permet, par moments, de laisser entrevoir en filigrane l’orchestre en fond de scène, dirigé impeccablement depuis le piano par Daniel Glet, et dont les apparitions donnent un caractère légèrement onirique à certaines scènes, comme lorsque Maria laisse libre cours à sa voix dans les montagnes.
Cet esprit léger imprègne largement l’ensemble de la pièce, même à l’intérieur du couvent de Maria, pourtant représenté en sinistre prison à la grille d’acier infranchissable, et même aussi durant la deuxième partie, malgré la présence de plus en plus pressante des nazis. Comme pour rappeler que le « Sound of Music » peut être plus fort que celui des armes.
Du bonheur à la bonne heure
- La distribution est brillamment emmenée par le duo formé par Marina Pangos, en Maria pétillante d’insolence, et Gaétan Borg, campant un Capitaine Von Trapp qui ne demande qu’à briser son deuil. Des caractères qui apparaissent moins sérieux que dans le célèbre film de Robert Wise, et peuvent donner à certaines scènes un petit aspect “sitcom”, comme lors de la rencontre de Maria avec le capitaine, dont les manies militaristes apparaissent plus risibles qu’oppressantes.
- Le rôle exigeant de Maria permet à Marina Pangos de montrer toute l’étendue de ses talents. Alliant jeu théâtral, danses et techniques vocales variées, incluant notamment du chant tyrolien, la jeune soprano déploie une énergie impressionnante qui entraîne ses partenaires, dans une joie communicative.
- Les autres membres de la distribution ne sont pas en reste, à commencer par les enfants Von Trapp interprétés par Léa Verbrugghen, Henri De Beauffort, Malou Cipolat, Zoé Jones, Chiara Maria Léonard, Oscar Franeau et Mila Dyke. Une petite troupe dans la troupe dont les clowneries provoquent à plusieurs reprises les rires attendris des spectateurs.
- Deux autres duos formé par les calculateurs Max (David Jean) et Elsa (Marianne Orlowski), et par les amoureux Franz (Jean-Charles Gosseries) et Liesl (Léa Verbrugghen) pimentent l’intrigue. Les jeunes amoureux gratifient le public de beaux duos sous la lune. Le rôle de l’oncle Max, presque exclusivement parlé, met plus en lumière les talents d’acteur de David Jean, remarqués lors de la scène du concours de chant durant laquelle il se mue en stand-upper haranguant le public, qui se prête au jeu de bon cœur.
- Les derniers rôles chantés composent le trio des religieuses comprenant la Mère-Abesse du couvent, interprété par Marie-Catherine Baclin, et les deux sœurs Margaretha (Camille Rieu) et Berthe (Aurélie Castin), qui s’acquittent de leurs parties avec grâce.
- Enfin, la distribution est complétée par les rôles parlés du majordome Bourda Rolf (Axel Sassus), de l’Amiral von Schreiber (Yannick Schlesser) et du fonctionnaire nazi Herr Zeller (Damien Locqueneux).
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Le public conquis gratifie les artistes d’une standing ovation, avec une mention particulière – et méritée ! pour Marina Pangos. Une soirée placée sous le signe d’un feel good, certes un peu sirupeux, mais conforme à l’œuvre originale, dont il a réussi à montrer toute l’actualité.
