OPÉRA – Carnaval Baroque à l’opéra de Massy ! Ce spectacle créé par Vincent Dumestre et réalisé par l’ensemble Le Poème Harmonique dont il est le fondateur est parvenu à émerveiller le public du début à la fin tant la proposition de l’œuvre est originale et brillamment interprétée.
Seulement sept musiciens sont présents sur scène et rien n’est sonorisé, ce qui apporte immédiatement une proximité bienvenue avec le public dans ce type de spectacle. Les musiciens étant multi-instrumentistes, on varie les sonorités. Le choix de ces derniers est intéressant et nous plonge directement à l’époque baroque. En effet, en plus d’instruments “habituels” tels que violon, contrebasse, flûte, basson ou encore guitare, étaient aussi présents cornet à bouquin, viole de gambe, chitarrino, théorbe et colachon. Mais les musiciens ne se contentent pas de jouer de leurs instruments, ils sont également comédiens et participent aux événements qui se déroulent sur scène. Et il s’en passe des choses !
Maître loyale : Cécile Roussat
La mise en scène de Cécile Roussat est incroyablement riche et variée. Au cours de l’œuvre, plusieurs scènes d’une durée chacune assez courte s’enchaînent et parviennent à chaque fois à surprendre et impressionner le public, suscitant par moments de vives réactions dans la salle. Souvent drôles, ces scènes incluent des tours de magie, des acrobaties, du jonglage, du diabolo et même des numéros sur mât chinois. L’ambiance est festive et rappelle fortement différents éléments du cirque. La grande réussite de ce spectacle est de réussir à combiner ce côté “cirque” avec des éléments musicaux.
On assiste par exemple à des mimes qui imitent des charmeurs de serpents et qui à la fin de leur numéro endorment sans le vouloir les musiciens ; ou encore à un comédien qui s’approche discrètement des musiciens pour leur voler un instrument et fanfaronner avec sur scène. C’est drôle et très bien amené mais aussi impressionnant car les performances scéniques des artistes sont de très haut niveau avec de vrais numéros de jonglage ou d’acrobaties et même un splendide numéro de roue Cyr.
Les chanteurs ne sont pas des clowns…
Et ce n’est pas tout car en plus de tout ça : ça chante ! Et ça chante très bien avec Anaïs Bertrand (alto), Paco Garcia (ténor), Martial Pauliat (ténor) et Igor Bouin (baryton) qui interviennent dans de nombreuses scènes en interprétant différents personnages. Parfois drôles et parfois poétiques ils parviennent à chaque fois à captiver le public dans tous leurs rôles. Ils sont aidés pour cela de magnifiques costumes qu’ils changent pour chaque personnage qu’ils jouent et de jeux de lumières particulièrement travaillés.
S’éclairant par moments de bougies et jouant avec les ombres, le travail sur les lumières participe vraiment à la réussite de l’ambiance visuelle. Certaines parties de la scène sont par instants plongées dans l’obscurité pour y dissimuler subtilement des accessoires ou même de comédiens et tous ces jeux de lumière sont intégrés dans la mise en scène en plus d’être esthétiquement beaux. Lors d’une scène, deux comiques s’éclairent avec des bougies et essayent de compter leur nombre tout en éteignant parfois les bougies de l’autre ou en se faisant peur en passant dans l’obscurité, c’est beau et drôle à la fois. D’autres effets visuels ont été particulièrement impressionnants comme le jonglage avec des objets enflammés ou encore une pluie de confettis dorés vers la fin du spectacle.
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Le Carnaval Baroque est une œuvre rafraîchissante et originale où tout les éléments s’enchaînent avec une grande fluidité pour ne laisser aucun temps mort et parviennent à créer une nouvelle surprise à chaque instant. La musique et les numéros jouent véritablement ensemble et se répondent, laissant un sentiment d’unité dans une identité visuelle forte et réussie à tous les niveaux. Le public, qui avait déjà montré son contentement plusieurs fois au cours du spectacle par des vagues d’applaudissements et de grands éclats de rire, a remercié et félicité les artistes à la fin par de vives acclamations très enthousiastes.
