LIVRE – La reporter Laetitia Cénac et l’aquarelliste-dessinatrice Laure Fissore publient « Dans les coulisses de l’Opéra national de Paris » aux Éditions de La Martinière.
Ce n’était sans doute pas voulu, mais au final, ce livre ressemble particulièrement à ce dont il traite : au foisonnement de cette institution qu’est l’Opéra de Paris, si riche qu’il en cherche aussi parfois à garder -si ce n’est à retrouver ou imposer- sa cohérence. La lecture de cet ouvrage de 224 pages est aussi comparable à l’expérience de nombre de spectateurs devant nombre de productions d’opéras : le résultat ne correspond pas à ce qui est attendu, il offre autre chose, davantage souvent, avec sa propre logique qui n’est pas la plus évidente mais qui foisonne de richesse…
La Grande Boutique
En effet, cette publication au papier environ de taille A4 ni trop fin ni manquant d’une agréable transparence légère, ressemble avant tout à un beau carnet d’illustrations croisées : images et entretiens rédigés, permettant de parcourir tous les lieux de l’Opéra (Garnier, Bastille mais aussi les lieux de formation et même d’évoquer l’institution qu’est le café-restaurant Les Associés en face de la sortie des artistes et du personnel sise rue de Lyon). Le côté encyclopédique est là et bien là, et pourtant il s’agit d’un reportage, mené à partir du 7 février 2022 et durant une année. Le résultat offre donc un parcours de productions alors représentées, avec les parcours de leurs artistes et techniciens et employés, même si, certes, les enjeux d’une année permettent de comprendre ceux d’une maison. La logique de la parution semble même être de partir de tout sauf des coulisses (là encore, le résultat offre donc un intérêt qu’il n’annonçait pas, notamment avec ces très belles illustrations de plateaux par Laure Fissore formée à l’estampe et l’aquarelle en Chine).
Quand le sens de Coulisse coulisse
L’expression « Dans les coulisses de l’Opéra », déjà utilisée de manière très métaphorique dans le langage courant (où les coulisses en viennent à désigner tout ce que le spectateur ne voit pas et non plus seulement les côtés et l’arrière-scène) prend donc davantage les apparences d’un slogan commercial pour l’ouvrage et se retrouve bien trop limité pour le propos abordé.
Et ce propos est extrêmement riche, à l’image de tous ces personnels et artistes qu’il présente et interroge, de ces scènes et souvenirs, des maïs de Parsifal à la grenouille de Platée. Les textes et les entretiens, balayant autant de sujets et d’interlocuteurs, restent très généralistes, confirmant (un peu trop) la focale vulgarisatrice et tout public de ce livre. L’audace est à chercher dans les illustrations, certaines plus travaillées que d’autres, les plus intéressantes étant celles prises dans la vivacité des mouvements (avec en sommet les images des danseurs en formation, il faut dire que la France a une grande tradition en la matière, et un maître nommé Degas).
Pourquoi on aime ?
- Pour le parcours complet, même si la chronologie limite le propos
- Pour les illustrations, à commencer par le crayon fin pour les portraits
- Parce qu’il donne envie de lire les autres livres de cette collection dans la veine très heureuse des reportages-graphiques : Dans les coulisses de la Comédie-Française et Dans les coulisses de Chanel (de la même autrice) et puis Dans les coulisses de la loi, et du musée du Louvre
C’est pour qui ?
- Tout le monde en fait, à part peut-être les hyper-spécialistes mais bon même eux pourront réviser, et même les personnels de l’Opéra de Paris pourront lire avec intérêt sur leurs collègues.
