PLAYLIST – Gambiste et fondateur de l’ensemble Près de votre oreille, Robin Pharo est un novateur. Avec ses musiciens, ils cherchent à redéfinir les frontières du concert, en organisant L’Éveil de l’automne autour de Villefavard (Haute-Vienne) un festival qui joue aussi bien en église, en médiathèque et… au bar ! Entre grands classiques de la musique et de la chanson, découvrez le jukebox idéal de Robin Pharo.
J. Brahms – Symphonie n°1 en ut mineur, opus 68, Leonard Bernstein et le Vienna Philharmonic
« Ma première émotion musicale, dans la version d’un des plus grands musiciens du XXème siècle : Leonard Bernstein. »
Nina Simone – Ain’t Got no, I got life
« Déjà, juste en lisant les paroles j’ai envie de pleurer. Alors quand Nina Simone les chante… Dans cette chanson transpire toute la condition des afro-américains, et leur combat pour l’égalité. Ici, c’est un combat pour la vie, lumineux et tellement puissant ! Elle termine par ce « I’ve got Life » qui résonne si fort… C’est une inspiration pour moi, dans la conception que je me fais des combats politiques. »
Radiohead – Nude / In Rainbows from the Basement
« Faire de la viole de gambe mon métier a été très naturel, comme une évidence. Même si c’est vrai que j’aurais aimé faire de la pop, parce que j’y trouve plus de liberté, et une prise directe avec le monde tel qu’il est autour de nous, ce qui est plus difficile à faire avec les musiques de patrimoine. C’est pour ça que dans les projets de l’ensemble (Près de votre oreille, ndlr), ou bien dans le cadre d’un festival, j’essaye d’être le plus créatif possible. On organise des événements gratuits chaque jour de festival où on essaie de créer des espaces simples qui ne sont pas forcément les plus habituels pour la musique classique. »
« D’ailleurs, pour faire le parallèle avec la vidéo suivante : Bach aussi jouait souvent dans un café ! »
Johann Sebastian Bach – Es ist Vollbracht (Passion selon saint Jean), Concentus Musicus Wien / Nikolaus Harnoncourt / Christophe Coin
« J’ai choisi cet enregistrement, d’abord parce que c’est un air magnifique, et aussi parce qu’on y voit Christophe Coin à la viole de gambe ! Il a été mon dernier professeur, et je ne serai pas là où je suis si je n’avais pas croisé son chemin.«
« Le voir jouer, c’est extraordinaire, il y a une rencontre entre un physique complètement instinctif, et la musique à laquelle il se dédie pleinement. Et c’est ça qui est très paradoxal, entre son geste précisément fait pour la musique, pour transmettre des émotions, alors que dans son enseignement si rigoureux, ça reste des sujets tabous. Mais je pense que c’est tabou pour toute une génération, en fait. »
Leonard Cohen – Famous blue Raincoat
« Leonard Cohen, c’est un enseignement, comme un héritage transmis dans ma famille du côté de ma mère comme de mon père : la chanson, le plaisir de chanter tous les styles. Évidemment, les grands chansonniers des années 1960 américains ont une importance particulière pour les gens qui aiment la folk musique, mais aussi la chanson française. Je pense qu’il y a beaucoup de liens entre des Brassens, des Léo Ferré, des Leonard Cohen et des Bob Dylan. »
Amy Winehouse – Back to Black
« Amy Winehouse est une chanteuse extraordinaire, qui me fascine. La choisir me permet d’invoquer le Club des 27 (des artistes qui ont pour point commun d’être décédés à 27 ans, ndlr). Je pense à Jim Morrison ou Jimi Hendrix, qui sont des artistes que j’ai vraiment énormément écouté. Des gens ultra talentueux, un peu broyés par la vie, qui représentent aussi peut-être la vulnérabilité des artistes. Ce n’était pas inintéressant d’en faire une référence… »
Jacques Brel – Quand on n’a que l’amour
« J’aurais pu citer plein de chansons de Jacques Brel, mais j’ai choisi celle-là parce que j’en ai fait un arrangement à deux voix avec Anaïs Bertrand, ma compagne, qui est une formidable mezzo-soprano et compagne artistique aussi de longue date au sein de l’ensemble Près de votre oreille. Du coup, évidemment, j’ai beaucoup de souvenirs très heureux avec cette chanson… »
