FESTIVAL – La Biennale 2025 de musique contemporaine de Venise programme Resonant Vessel de FUJI|||||||||||TA en première mondiale au Teatro Alle Tese : microcosme, macrocosme, tuyaux d’eau, aquarium et autres curiosités.
Donner à entendre l’infiniment petit dans l’infiniment grand par le traitement électro-acoustique de sonorités inexplorées, telle est l’une des signatures créatrices de FUJI|||||||||||TA, compositeur d’origine japonaise. Après Full performance et Air mouvement, Resonant Vessel explore de nouveau l’eau, l’air, la voix, les gestes sonores et le traitement électronique des effets vibratoires. Ainsi les interactions fluides entre les fréquences donnent naissance à un univers qui explore toutes les dimensions.
Cube au carré
Le vaisseau vibrant intergalactique VZ33* est inondé de faisceaux blancs et vaporeux. Sa silhouette élancée et transparente est ancrée au centre du bassin argenté H56. Elle inspire un respect tout particulier, comme un totem. Au silence de son sommet, un cube d’eau dont tombe en cascades un fatras de tuyaux, de robinets, de câbles électriques, d’ordinateurs, d’instruments de musique intrigants et créés pour l’occasion. Tous respirent, attendent, écoutent. Des tubes comme des tripes. Des tripes comme du plasma. Le vaisseau-totem se dresse dans l’immobilité de sa pureté géométrique. Il est l’explorateur des méta-dimensions du son. Quatre aquariums ronds, également emplis d’eau et de tubes, reposent doucement au sol. Les vibrations 8 Hz d’un monde en sommeil glissent doucement au creux de l’écoute.
Le capitaine FUJI|||||||||||TA est maintenant présent. Il prend les commandes, vérifie un par un les milliers de boutons lumineux du tableau de bord avec patience et détermination. Il lisse longuement ses cheveux d’ébène, positionne ses écouteurs avec le soin d’un équilibriste.
Goutte à goutte, note à note
Ainsi, tout ce fatras installé pour cet instant de miracle ? Quelle jubilation ! L’univers se laisse découvrir. Les vannes ouvertes insufflent de l’air par une soufflerie faisant bouillonner une eau qui gicle de plus en plus rapidement en gouttes, captées par des micros, eux-mêmes reliés aux ordinateurs qui les triturent. FUJI|||||||||||TA, à la fois chef d’orchestre et interprète, utilise l’électro-acoustique comme un média onirique du spectre sonore grâce à l’excellence de la prise de son. Le fluide, les bruits brusques, les ralentis, les presque silences et les relances sont visités sur le vif.
Des tuyaux d’orgues et un verre frotté par un archet, sonnent comme des ouragans. La voix de FUJI|||||||||||TA, entre chant et parole, devient l’écho de sabres rauques, et le rauque comme du transparent, le transparent comme de la masse, et la masse comme de la fusion. Parfois, des sons d’origine terrestre émergent, ouvrent un nouveau chapitre et modifient les repères. Tout s’entremêle par ressemblances ou par glissements. Le mariage est sans conditions entre la nature, les sciences et l’imagination.
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Au cours de ces 60 minutes, l’œuvre progresse en une boucle. Pour le public, la réalité s’est métamorphosée, ouvrant des perceptions aux confins du microcosme et du macrocosme.
