RÉVÉLATION – Pour faire connaissance avec elles, voici trois réponses à nos trois questions posées aux trois voix nommées dans la Catégorie Révélation Artiste Lyrique aux Victoires de la Musique Classique qui se tiennent ce 1er mars 2023 :
Marine Chagnon, à part le chant, jouez-vous d’un autre instrument ?
Je joue du théâtre [rires] et j’ai beaucoup dansé. Je n’ai pas fait d’instrument, hormis deux ans de piano comme tout le monde au CNSM [Conservatoire National Supérieur de Musique] pour s’accompagner un minimum et jouer des accords.
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En-dehors de la musique, quels arts vous inspirent dans votre métier ?
Le cinéma, et les séries. Comme nous essayons de transposer des vies autres que la nôtre, dans un autre imaginaire, dans un autre quotidien c’est très intéressant d’essayer de se connecter à un autre personnage qui nous a touché, de transposer son imaginaire, de connecter des histoires, des passés.
J’ai 1001 sources d’inspiration mais les univers et imaginaires visuels également m’inspirent beaucoup : les couleurs, la peinture (j’ai une tante peintre et je me suis très tôt demandée comment je connecte les couleurs au mouvement, à la danse, au théâtre aussi : je veux creuser ce lien encore davantage). Les palettes de couleurs m’inspirent des palettes d’émotion (je pense rouge ou orangé pour tel air), et les couleurs sont même importantes pour moi dans l’organisation de mon agenda (ce qui faisait beaucoup sourire Edwin Fardini au CNSM [lui qui est également nommé dans la même catégorie aux Victoires cette année]).
Et j’adore aussi le théâtre de boulevard. Je viens de participer à une master-classe avec Pascal Neyron, pour qu’au final on voit combien « répertoire léger » ne veut rien dire : on rit de situations dramatiques, de situations cruelles pour le personnage (c’est ce décalage qui provoque le rire). Voyager dans ce répertoire est aussi très nourrissant.
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Lorsque vous préparez des rôles est-ce que vous utilisez toujours ces inspirations et techniques ?
Complètement. C’est un outil de travail que j’ai découvert au CNSM avec Emmanuelle Cordoliani. Nous avions même fait un exercice : il fallait choisir une action d’un personnage et essayer de la vivre, concrètement. J’avais choisi de me faire tirer les cartes pour Carmen, pour de vrai (en espérant qu’on ne me prédise pas la mort). Quelqu’un travaillant sur Manon était allé à Saint-Sulpice. Nous avons les mêmes outils que les acteurs. Ensuite c’est Marine qui a vécu la chose, pas Marine qui essaye d’imiter ce que Carmen aurait vécu. Je n’ai donc même plus à jouer, car le souvenir est organiquement ancré en moi.
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image de couverture © Bixente Simonet