COMPTE-RENDU – Le chef suisso-argentin Leonardo García Alarcón et son orchestre, la Capella Mediterranea, ont interprété L’Orfeo, de Claudio Monteverdi, dans l’Auditorium de la Seine musicale (Boulogne-Billancourt). Une belle occasion d’entendre cette superbe « fable en musique » (favola in musica), une des œuvres fondatrices du répertoire opératique.
Le mythe d’Orphée, mythe éternel
Qui n’a jamais souhaité faire revenir à la vie un être cher trop tôt disparu ? Orphée essayant, par la puissance enchanteresse de son chant, de sauver sa femme Eurydice des Enfers, est une tentative, artistique et dramaturgique, de répondre à cette perte irrémédiable. Autant dire que ce mythe a été chanté, rimé, prosodié, mimé, chanté… à de maintes reprises à travers le temps, et notamment au tournant des 16e et 17e siècles.
Mais c’est Claudio Monteverdi qui a décroché le pompon. Son Orfeo marque le début d’un répertoire musical immense, celui de l’opéra : alternance de récitatifs et d’airs, présence du choeur qui ponctue l’action, placement de l’individu au centre du nouveau monde musical.
Una favola in musica
Créé en 1607 au Palais du Duc de Mantoue, son Orfeo est un sublime chant d’amour, une fable poétique et théâtrale sur le pouvoir de la musique : Orphée, par la puissance de son chant, parvient à séduire Charon, gardien des Enfers, qui le laisse aller chercher sa femme au royaume des Ténèbres, à la condition qu’elle le suive en silence et qu’il ne se retourne tant qu’ils ne seront pas revenus dans le monde des vivants. N’entendant plus les pas de sa bien-aimée, il se retourne imprudemment, la perdant à jamais.
Pour illustrer ces hauts et bas émotionnels, la musique de Monteverdi se fait figurative, sobre dans les propos et déchirante dans ses accents. Les lignes écrites pour Orphée sont superbes et les différents personnages (Eurydice, la Messagère, Proserpine, Pluton, Platon, les bergers…) très reconnaissables musicalement.
Des interprètes à la hauteur
Les talents des forces musicales réunies à l’Auditorium de la Seine musicale ont permis l’expression de la puissance dramaturgique et émotionnelle de cette « fable en musique » : belle aisance des musiciens de la Cappella Mediterranea -bravo aux cornistes à bouquin, instruments difficiles à domestiquer !-, direction enjouée et précise de Leonardo García Alarcón, très beau plateau de solistes, emmené par le séduisant Orphée de Valerio Contaldo, et impeccable Choeur de chambre de Namur.
Ce spectacle se donnera les 12 et 13 avril à l’Opéra de Nancy et le 14 avril au Grand manège de Namur : https://cappellamediterranea.com/fr/productions/14-orfeo