AccueilÀ l'écranA l'écran - DanseÀ l'écran : Mythologies, à la croisée des mondes

À l’écran : Mythologies, à la croisée des mondes

À L’ÉCRAN – Mythologies, créée en 2022, est une pièce pour vingt danseuses et danseurs. Conçu par le chorégraphe Angelin Preljocaj, sur une musique originale de Thomas Bangalter (Daft Punk), le ballet dure 1h30 et propose à son public un voyage étourdissant.

Si la pièce se présente comme un long itinéraire aux multiples embranchements, en ce qui nous concerne, nous n’irons pas par quatre chemins : « Mythologies » est une performance émouvante et brillante qui relève le défi d’enchaîner des tableaux distincts comme un grand ensemble de sens. Un spectacle à retrouver sur France.tv

Du catalogue à l’épopée

Imaginez une scène de taille moyenne, épurée, un fond d’écran géant, et des danseuses et danseurs incroyablement gracieux. Tout est fluide et puissant à la fois. La musique, tonale, prend des couleurs infiniment changeantes, mais toujours séduisantes. Dans la version que vous pourrez revoir, les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux et ceux du Ballet Preljocaj évoluent au rythme des musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris, dirigé par Romain Dumas. Figurez-vous une succession de tableaux, et vous aurez une idée de l’allure de ce spectacle époustouflant. L’idée qui domine ce ballet, c’est la mise en scène, sous forme de tableaux vivants, d’une série de grands récits, mythes et représentations culturelles. Cette ambition, qui nous emmène du plus léger au plus cruel, pouvait susciter une certaine méfiance : le risque était bien de tomber dans la simple juxtaposition et de réduire le tout à un enchaînement de thèmes dont le lien aurait été seulement rhétorique. De ce point de vue : défi relevé ! 

Mais qui se cache sous ce casque ? Un Daft Punk ? ©Jean-Claude Carbonne
Au carrefour des grands mythes

L’écran, les danses, les costumes démultiplient les effets de sens, et le propos général affiche une richesse réelle. Les transitions sont soignées, des effets d’échos se tissant rapidement entre les scènes. On voit passer, longuement, ou de manière plus fugace, des traits culturels, des images mythiques, des figurations légendaires. Très rapidement pourtant, on se sent appelé vers le vrai sens de la pièce : à l’origine de tout récit eschatologique, au fondement des mythologies culturelles, il y a le corps.

Arianne et le Minotaure, en corps… ©Jean-Claude Carbonne

Le ballet exploite donc un panel formidable : danses collectives ou solitaires, mêlées hypnotiques, rites festifs ou sacrificiels, danses hiératiques, combats d’épopées. On aperçoit des créatures de la Genèse, des catcheurs, des statues antiques, des nymphes, des Amazones, des spectres, athlètes modernes, prêtresses et prêtes antiques, monstres, hommes et femmes en uniforme de garde du corps… L’ensemble est énivrant tant il est divers, et il serait impossible de rendre compte de l’infinie cascade des influences qui s’expriment dans chaque geste, chaque fragment de scène.

À lire également : The brutal Journey of the heart, au coeur de la danse

Mention spéciale pour l’intelligence incroyable de la partition de ballet, ainsi que pour l’exécution. Là aussi, il était facile de s’engouffrer sur le mauvais sentier, et compositeur comme chorégraphe ont su trouver la bonne voie.

Mythologies, d’Angelin Preljocaj, sur une musique de Thomas Bangalter, est disponible en streaming sur France.tv jusqu’au 15 octobre 2023

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