À L’ÉCRAN – C’est sur Culturebox : la rediffusion d’un spectacle consacré à Balanchine, capté au Palais Garnier, en février 2023. D’abord Gershwin mis en danse avec la pièce « Who cares? », puis, sans transition, « Ballet Impérial », à la gloire de la Russie impériale, de Tchaïkovski et de Petipa. Vous cherchez le lien entre les deux ? Le génie du chorégraphe, nous dirons-vous.
Un dyptique à retrouver sur France.tv
Et qu’ça swingue!
L’heure est au délassement à Manhattan. Les femmes sont en robe cocktail courte, les hommes en gilet. Les amoureux de Fred Astaire et Cyd Charisse pourront se régaler avec la première pièce, notamment lors de quelques duos nocturnes plutôt convaincants. La grâce de ce style de danse – classique pour sa base, swing pour son âme – repose notamment sur les sauts et autres cabrioles, et c’est avec beaucoup de joie qu’on les trouve déclinés tout au long de la pièce. Par ailleurs, une bonne part de l’amusement est due aux interactions musique/danse, et notamment aux jeux de question/réponse avec les percussions, délicieusement malicieux – sans parler de l’accompagnement de la batterie, et des ragtime du piano. Le plaisir de cette pièce tient aussi à son paradoxe fondamental : car il faut noter que malgré les apparences d’improvisation auxquelles s’abandonnait le piano, les pas tombaient toujours justes.
On est bien dans le glamour de ce New-York disparu, et le visionnage de ce ballet vous donnera assurément envie de reparcourir vos classiques de Broadway. Ce premier moment de la soirée est réjouissant ; l’exécution propre, nette et efficace. On se laisse prendre au jeu allègre des tableaux de groupe, comme à la langueur des danses de couple.
Le classique contre attaque
Deuxième partie du spectacle, changement de décor. On retrouve cette fois une chorégraphie plus conventionnelle. L’académisme des danseuses et danseurs s’esquisse en des mouvements allants et nobles. Le piano, soliste (la partition est celle du Concerto pour piano n°2 de Tchaïkovsky) déchaîne non plus ses improvisations mais une partition véloce et opiniâtre. Entendons-nous : c’est un académisme qui ne court pas le risque de nous ennuyer. Ce genre de chorégraphie semble intemporel et emporte sans difficulté notre adhésion.
Il est grisant de s’oublier dans le déploiement de cette délicatesse puissante, qui atteint dans certains passages des sommets (allez donc voir à 57’00 pour un incroyable duo). La pièce propose même des instants tout à fait ravissants et inattendus : au minutage 1’03 vous trouverez un très divertissant trio, et à 1’08 une dynamique de jeu entre un danseur solo et un groupe féminin. La synchronisation et les jeux géométriques dans l’occupation de l’espace, lors des dernières minutes, sont tout simplement à couper le souffle, et les applaudissements nourris destinés à l’orchestre de l’Opéra National de Paris ainsi qu’à son corps de ballet étaient amplement mérités.
La soirée spéciale Balanchine est à retrouver sur France.tv en streaming, jusqu’au 7 septembre 2023