COMPTE-RENDU – Lancement réussi pour La Roque 2023 avec le concerto Empereur de Beethoven par Bertrand Chamayou et l’Orchestre de Chambre de Paris !
Pour l’ouverture de la 43e édition du Festival International de la Roque d’Anthéron, les organisateurs semblent particulièrement heureux d’accueillir à nouveau le public dans le parc du Château de Florans. Les incertitudes concernant la gestion de ce lieu emblématique et indissociable du festival semblant en effet terminées, place à la musique avec une confiance renforcée quant à la pérennité de l’institution. On ne boude pas son plaisir ! Le public retrouve ainsi avec joie « La Roque » et son ambiance inimitable, sous les platanes au rythme des cigales dans la nuit tombante.
Bertrand Chamayou dans son jardin
La programmation 2023, qui fait la part belle aux « intégrales », s’ouvre avec Ludwig van Beethoven et plus particulièrement son concerto n°5 « Empereur », sous les doigts de Bertrand Chamayou. Grand habitué du festival, le pianiste semble particulièrement à l’aise sur cette scène et livre une interprétation impeccable. Assumant pleinement le rôle dévolu au piano dans ce concerto exigeant, il mène véritablement la danse, n’hésitant pas à se faire attendre dans certains arpèges afin d’en souligner l’intensité dramatique, mais restant toujours très clair dans ses intentions, en bon chambriste, grâce à son sens de la mélodie et du timbre. Une musicalité qui trouve également à s’exprimer en rappel, avec le charmant largo de la sonate en do majeur de Joseph Haydn, comme un moment de grâce loin du « bruit des canons » qui avaient, dit-on, forcé Beethoven à se réfugier dans une cave lors de la composition de son ultime concerto.
L’Orchestre de Chambre de Paris, comme dans son salon
L’affiche du concert est partagée avec l’Orchestre de Chambre de Paris, dirigé pour l’occasion par Lionel Bringuier. Droit dans ses souliers (vernis), le Niçois semble comme à la maison et dégage une aura de sérénité manifeste. Le geste est précis et ample, et montre une bienveillance qui contribue certainement à l’osmose, tant avec le soliste qu’avec l’orchestre.
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Le charme opère dès les premières notes, avec l’ouverture n°2 en Ré majeur de la compositrice allemande Emilie Mayer. L’œuvre, très rarement donnée (elle n’a d’ailleurs fait l’objet que d’un seul enregistrement, en 2022), présente une certaine filiation avec l’univers Beethovenien, notamment par les revirements de caractères, et s’accorde parfaitement au reste du programme. Outre le concerto Empereur, ce dernier est complété par la 4e symphonie, elle aussi assez rarement donnée. Si l’on peut regretter quelques attaques du côté des cors, l’orchestre livre une prestation remarquable, comme à son habitude, notamment le pupitre de flûtes qui est particulièrement acclamé par le public.
Le scherzo du « Songe d’une nuit d’été » de Félix Mendelssohn, pour le moins de circonstance, est donné en rappel pour clore cette belle soirée.