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3 questions à Marina Chiche

ENTRETIEN – Elle connaît la musique ! Avec la transmission en étendard, Marina Chiche fait bouger les lignes du récital traditionnel, en proposant ses éclairages et son regard de musicologue-interprète sur les oeuvres et les programmes qu’elle crée. Prochain rendez-vous pour la violoniste : La Seine Musicale, le 15 novembre, pour un tour du côté des Schumann, Clara et Robert.

Les auditeurs de France Inter vous connaissent pour vos chroniques sur l’univers du classique dans l’émission de Charline Vanhoenacker, et vous présentez le 15 novembre à La Seine Musicale un récital commenté sur les figures de Clara et Robert Schumann, où vous prendrez la parole entre les morceaux. Vous avez une âme de conférencière ?

Surtout pas (rires) ! En fait, ça fait 20 ans que je prends la parole dans les concerts, que je présente les œuvres que je joue et que je parle de musique. C’est de ne pas le faire qui serait l’exception pour moi. J’ai un doctorat en musicologie figurez-vous ! Alors oui, les choses se sont un peu révélées avec la radio, et France Inter en particulier, mais j’ai toujours eu cette envie de créer un lien avec le public, comme le faisaient de grand modèles : Ivry Gitlis par exemple.

Je fais partie de cette génération biberonnée à Frédéric Lodéon : c’était comme ça avant, des hommes qui avaient du bagout et qui racontaient. Je n’aurais personnellement jamais pensé pouvoir le faire, mais j’ai trouvé ça super grisant dès la première fois ! Il y a plusieurs années, après mon prix d’esthétique au Conservatoire, j’étais nommée aux Victoires de la Musique Classique. Je faisais ces études de théorie de la musique, et on m’a proposé d’animer un séminaire à Sciences Po, qui a débouché sur un concert dans un couloir de l’institut. Et puis une conversation a pris avec les étudiants qui s’étaient mis autour de moi, et j’ai commencé à leur raconter la musique, à montrer comment marche un violon. J’ai créé comme ça un programme éditorialisé, improvisé au départ, puis qui est devenu un récital à part entière que j’ai beaucoup fait tourner, y compris à l’étranger.

En France, les musiciens et musiciennes qui veulent prendre le micro pour s’adresser au public voient bien souvent leur cachet diminuer. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

Qu’on a un problème en France avec l’hyper-spécialisation. Aux USA, je pourrais être psychologue ou ingénieur à côté, on ne douterait pas de ma compétence. Il faut se rendre compte à quel point c’est difficile de maintenir son niveau d’exigence tout en préparant une prise de parole. C’est un sacré exercice.

Pour ma génération, c’était presque interdit de le faire ! La valeur ajoutée de ces clés d’écoute n’est pas encore prise en compte à sa juste mesure, mais je vois les choses changer aujourd’hui. Avec l’évolution des publics, je pense qu’il sera difficile de s’en passer à l’avenir.

La relation entre Clara et Robert Schumann cristallise tous les enjeux de la femme compositrice du 19e siècle : est-ce pour ça que vous l’avez choisie pour votre récital commenté ?

Je pense que Clara Schumann est un cas très intéressant. On l’enferme souvent dans son rôle de « femme de », et en même temps on en fait une icône de la compositrice empêchée. Le paradoxeest que ça a « invisibilisé » le fait qu’elle était une immense musicienne. En 2023, on lit le renoncement dans sa biographie. Mais elle n’a pas été qu’une enfant prodige, elle a eu une carrière énorme, et une grande influence sur la musique de son temps. Brahms et beaucoup d’autres lui envoyaient leurs compositions pour avoir son avis !

Clara Schumann m’intéresse comme personne de référence, avec une vie incroyable, dans une époque où la musique circule et où se forment de profondes amitiés. C’est tout cet univers de la musique romantique dont je veux parler, sans tomber dans le piège d’une époque qui risque d’enfermer Clara Schumann dans un rôle caricaturé en voulant proposer une histoire plus inclusive de la musique.

Marina Chiche, accompagnée par Jean-Frédéric Neuburger au piano, le 15 novembre 2023 à La Seine Musicale. Réservation en ligne

Demandez le programme !
  • Robert Schumann
    Sonate n° 1 pour piano et violon
  • Clara Schumann
    Trois Romances pour piano et violon
  • Johannes Brahms
    Sonate n° 3 op 108 pour piano et violon
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