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Retour en enfance avec les sœurs Labèque

CONCERT – Les sœurs Labèque, Katia et Marielle, ouvrent le bal de la saison 23/24 de La Scala Provence et assurent un unique récital englobant Debussy, Ravel et Glass à la Scala 600. Un moment de grande beauté et de douceur qui nous fait replonger en enfance.

Un livre musical

On ne présente plus ce duo incontournable dans le milieu pianistique. C’est un programme contemporain englobant, dans l’ordre chronologique, Debussy, Ravel et Glass que proposent les sœurs Labèque au public. La thématique principale, axée sur la littérature et particulièrement les contes pour enfants, convoque l’impressionnisme musical : les Six Epigraphes Antiques de Claude Debussy, Maurice Ravel avec son célèbre Ma Mère l’Oye et Philippe Glass et sa lecture de La Belle et La Bête. Sont réunis trois compositeurs dont l’enfance a inspiré certaines de leurs musiques.

Debussy a adapté en musique la vie du jeune personnage grec fictif Bilitis dans Les Chansons de Bilitis. Ma Mère L’Oye de Ravel est une évocation de plusieurs contes comme la Belle au bois dormant, le Petit Poucet ou encore La Belle et la Bête. Quant à Glass, il se charge de la musique pour sa collaboration avec Jean Cocteau pour ses adaptations cinématographiques d’opéras : Orphée, La Belle et la Bête et Les Enfants Terribles. Ayant déjà écrit une réduction au piano pour quatre mains des Enfants Terribles, Glass se mettra à composer une version réduite au piano pour les « sœurs terribles » comme il aime les appeler. 

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Bêtes.. de scène ! © Julien Mignot
Deux belles… mais pas de bête !

Les deux sœurs nous guident hors des sentiers battus et, comme pour nous rassurer, nous croyons même entendre une des artistes fredonner le début du morceau, comme une berceuse ou une invitation à rejoindre l’aventure. Tout au long du récit, les sœurs Labèque vont se montrer sans faille devant les obstacles musicaux complexes. Sur deux pianos « Steinway et Sons » placés côte à côte, chacune est à son poste : Marielle se charge de l’ossature avec les basses et Katia de la mélodie. De somptueux dialogues, illustrant des personnages à la parole tantôt dynamique, tantôt douce, nous laissent convaincus. Le Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel est tout aussi harmonieux et envoutant. Les deux partenaires vont se retrouver alors sur un piano pour un quatre mains, rendant la connexion et l’interprétation plus intime, mais pas moins invincible. Nous ne nous lassons pas d’écouter et de décortiquer chaque phrase travaillée avec grande précision et dont les pauses laissent sans voix, le souffle coupé. Quant à la pièce maitresse de ce récital, La Belle et la Bête de Philipp Glass, les protagonistes s’expriment toujours avec la même énergie et déploient de belles phrases affirmées et colorées, contrastées par des nuances aiguisées et vivantes. 

Pour clôturer la soirée sur une bonne note, comme la fin d’un Disney et toujours sur le même compositeur, les héroïnes reviennent de plus bel avec une ambiance dansante et joyeuse avec une intrigante pièce nommée Le Café rendant hommage à l’Orphée grec, au caractère plus swing qui n’empêchera une bonne partie de la salle de se dandiner. Enfin, petit aparté avec le quatrième mouvement de « 4 mouvements pour deux pianos » sera le bouquet final de ce feu d’artifice. 

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