Dancing days à l’abattoir de Rome

DANSE – Encore une fois le festival RomaEuropa nous fait découvrir la capitale italienne ! Pour les Dancing days le rendez vous est donné au Mattatoio : ancien abattoir fermé en 1975, devenu lieu branché, entre musée d’art contemporain, espaces de spectacles, école de musique… Deux propositions dansées y furent proposées, bien différentes mais liées par leur engagement politique.

Mattatoio, Rome © DR
Jeudi : Smaïl Kanouté, Never 21

Pour la première proposition on retrouve Smaïl Kanouté (vu la veille pour la
projection de Utaki, son triptyque de court-métrages) en tant que chorégraphe et danseur pour la version spectacle vivant de Never 21.

Teaser du spectacle
Maux sur le corps

La pièce commence avec des lumières blanches (provenant sûrement de téléphones) qui laissent peu à peu voir les mots peints sur le corps des trois danseurs : can’t breathe, youth, ever, c’était impossible de s’en souvenir, Rio… Avec le titre du spectacle on comprend vite le sujet : un hommage aux jeunes victimes des violences policières dans les quartiers pauvres de plusieurs villes. A cela s’ajoute la bande sonore : des témoignages des familles des victimes (en anglais et en français sans traduction), poignants.

Les trois danseurs ont des visages très expressifs et une énergie remarquable, chacun dans leur style. Smaïl Kanouté livre une danse agonisante tandis que Aston Bonaparte et Salomon Mpondo-Dicka se rapprochent plus du style hip-hop ou popping.

Danse, violence

Le chorégraphe s’oppose aux deux danseurs dans une scène d’arrestation, il se fait jeter au sol, suffoque, se relève en titubant… Les trois danseurs mettent leurs mains derrière leur tête debout ou à genoux. La référence aux victimes est évidente mais la danse est aussi combative. Certains mouvements rappellent le Haka des joueurs de rugby néo-zélandais. Lorsqu’une lumière bleue perçante est projetée vers la salle on se demande si l’on s’habitue à cette lumière comme on s’habitue à la vision de la violence qui était tout aussi insoutenable au début.

Même si certains enchaînements de tableaux manquent de liant, cette pièce est bouleversante. Si, à cause de la sueur, les mots peints disparaissent du corps des danseurs, ils resteront gravés dans nos esprits, et la petite salle pleine à craquer ovationne les artistes, faisant bien plus de bruit que le public romain d’habitude si réservé.

Vendredi : Swan lake Solo de la chorégraphe et danseuse ukrainienne Olga Dukhovnaya.

Cette fois, le propos est encore plus explicite. La danseuse prend la parole pour nous raconter que le Lac des cygnes a une connotation particulière pour les habitants de l’ex URSS. En effet, à chaque événement important à cacher (comme la chute de l’URSS en 1991) les chaînes de télévision projetaient ce ballet. En 2022 la seule chaîne de télévision indépendante a été coupée et juste avant avait diffusé le Lac…

La danseuse en basket et pantalon à paillettes tient des pauses classiques avant de se tourner vers une danse répétitive et explosive sur la musique techno. Elle reprend parfois les ports de bras du cygne, et mime même le geste de nous envoyer de l’eau.

Teaser du spectacle
Public frontal

Une scène capte toute notre attention : la danseuse au sol dans la pose du cygne est simplement éclairée par les lampes frontales distribuées au public. La musique mythique de Tchaïkovski résonne et est remixée avec des instruments très techno par Anton Svetlichny. Alors que le public commence à se dandiner sur sa chaise, la danseuse reste immobile. Ensuite rejointe par un danseur pour la porter lors de ses sauts, elle finit par le porter elle aussi.

Malheureusement le lien entre le sens politique et la danse reste trop flou, peut-être à cause de la très courte durée de la proposition. Cela n’empêche pas le public d’acclamer la danseuse et son partenaire. On repart avec la superbe bande-son de Anton Svetlichny dans les oreilles.

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