CONCERT – Un dimanche après-midi d’automne, le public new-yorkais avait rendez-vous avec Alexandre Kantorow. Dans ce lieu spécial, le pianiste français n’a pas joué de sérénade mais bien un programme romantique, qui a conquis le public. Récit d’un date à succès.
Attraction
Quand on voit le nom d’Alexandre Kantorow programmé dans l’une des plus célèbres salles du monde, avec sa liste de prix et un cursus tout bonnement spectaculaire, on ne peut pas rester chez soi. Voilà très certainement la petite pensée du public de New York, qui répond présent en remplissant la salle à presque 100%, chose bien rare pour un concert en matinée.
Alexandre Kantorow joue ici un programme de musique romantique, entre Liszt, Brahms et Schubert. Dans ce haut lieu du snobisme mélomane, on juge alors tout de même un peu ce jeune pianiste français d’à peine vingt-six ans, qui s’amuse un peu avec Bach (arrangé par Brahms) et des interprétations bien personnelles de pièces canoniques.
Séduction
Très vite pourtant, les regards se tendent vers le pianiste sur scène, et le charme opère. Il faut dire qu’Alexandre Kantorow maîtrise son programme à la perfection, glissant d’une œuvre à l’autre avec une dextérité et une musicalité rare. Le pianiste joue ainsi sur les silences comme sur les attentes d’un public qui semble en demander toujours plus, applaudissant de plus en plus longuement après chaque pièce. Le public plus spécialiste, lui, râle un peu par principe devant les enchaînements des Lieders de Liszt, mais pourtant même les murmures se tassent. On écoute alors les résonnances du Steinway sur scène.
Fascination
Tout en finesse mais malgré tout dans une grande simplicité, Alexandre Kantorow nous dompte alors peu à peu. Son jeu spontané et éloquent transporte chaque note de musique jusqu’au cœur des spectateurs, et ce jusqu’à la Fantaisie de Schubert, à couper le souffle, suivie d’un tonnerre d’applaudissements. Kantorow fait alors se lever la salle entière du Carnegie dans des standings ovations qui ne s’arrêtent plus, et qu’il ne maîtrise qu’en jouant encore, avec deux bis, dont un premier rendant hommage à Nina Simone. Car le pianiste séduit aussi par son éclectisme. Dans ce programme plutôt convenu, il convoque en effet une star du jazz, comme indiquant déjà des envies de liberté.
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La fin du concert s’annonce alors un peu comme un crève-cœur, et chacun rentre chez soi, rêvant doucement de cette belle musique d’un pianiste rare, dans l’attente du prochain rendez-vous.