AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - InstrumentalLe "Cuba libre" de Rolando Luna : cocktail pour piano

Le « Cuba libre » de Rolando Luna : cocktail pour piano

CONCERT – La 14e édition du festival bordelais, L’esprit du piano, fait graviter jazz et classique autour de l’instrument. Cette année, on y a entendu le duo formé par Rolando Luna, pianiste flamboyant, et Yaroldy Abreu Robles, percussionniste saisissant. Rolando Luna assemble des chansons cubaines et des thèmes classiques, de Bach à Debussy en passant par Liszt. En bis, un air célébrissime des Bee Gees, murmuré en un doux frisson choral par le public : How deep is your love.

Au long cours d’une dizaine de « chansons » tour à tour en solo ou en duo, les deux musiciens révèlent l’esprit de leur rencontre. Rien n’est trop écrit dans le Jazz : le temps réel s’arrime aux refrains connus de longue mémoire : Rêve d’amour (Liszt), Ah, tu verras (Nougaro) et, visite en France suggère, La Marseillaise. Les thèmes qui sortent de ce grand juke-box noir, sont transformés à l’extrême, disloqués, étirés, recoloriés, mis en miette, mais unifiés par les grandes respirations du pianiste. 

Climat tempéré, climat déréglé

Tous les opus frappent par leur lyrisme, leur profonde sentimentalité, leur sensualité, leur métrique au cordeau, en synchronie avec la percussion. Frappent également les esprits, les rythmes chaloupés ou martelés, leur harmonisation feutrée ou brillante, leurs climats tempérés ou déréglés.

L’authenticité de l’artiste en scène se traduit par une inversion de la relation, descendante du pianiste jusqu’au public, dans le star-system-mainstream. Avec Rolando, c’est l’artiste qui demande à faire des selfies avec le public (Rolando’s Faces, titre de son dernier enregistrement), afin de garder une trace d’une relation nouée, l’espace d’une soirée.

En dansant la havanaise

La forme nait, non pas d’une structure a priori, mais de la pression plus ou moins intense qu’exerce Rolando sur le clavier, comme si une puissante colonne d’air remontait de son buste jusqu’à ses bras, roulis pénétrant la grève du clavier. Le répétitisme des formules, obsessives et modulées en aplats de couleurs harmoniques, prend une puissance quasi-orchestrale. Une sorte de Liszt à la cubaine…

Le compagnon de route du concert est le percussionniste Yaroldy Abreu Robles, spécialisé dans le jazz afro-cubain (diplômé de l’école cubaine l’Instituto Superior de los Artes, aux côtés de Chucho Valdés et de son quartet de jazz ou Les Afro-Cuban Messengers pendant plus de 20 ans). 

À lire également : Les Variations Goldberg jazz de Dan Tepfer à Bordeaux

Technique virtuose de frappe des peaux tendues, jeu toujours délicat, plein d’humilité : il entre dans le groove autant qu’il le produit. Il y a quelque chose d’élémentaire, de chamanique. La prise d’épaisseur du son est très progressive : Yaroldy Abreu Robles, concentré sur le processus natif de la musique, choisit l’unité plutôt que la diversité, dans la mobilisation longuement poursuivie de tel ou tel instrument. Il suit, à la note près, le rubato du pianiste, sa manière d’alterner appuis et remplissages et de produire chaque « chauffé » conclusif, rappelant la danse dont est traversée cette musique. 

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