AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - InstrumentalNouvel an à Aix : tout feu tout flamme !

Nouvel an à Aix : tout feu tout flamme !

CONCERT – Le rituel calendaire, désormais installé, d’un concert dédié au nouvel an au Grand Théâtre de Provence, s’empare en 2024 de la thématique du regard croisé, ou plutôt de l’oreille croisée, entre territoire français, avec une escale sudiste, et territoire américain : de quoi accorder le galoubet à la trompette wah wah. 

Capitaine Flam à la baguette

© SWR

Stéphane Denève surgit comme un magicien, en habit d’enchanteur, sur la scène du GTP. L’Orchestre National de France, ensemble d’accessoires rutilants et mystérieux est sa boite à tour, à malice, à transformation, puis, finalement, à disparition. La gestuelle de prestidigitateur du chef fonctionne dans toutes les directions, y compris celle du public. Ce dernier participera aux réjouissances par des applaudissements contrôlés, lors d’un bis donné dès avant l’entracte, avec le fameux Cancan d’Offenbach. L’indépendance des bras est ce qui frappe le regard : une ambidextrie précieuse chez le musicien, de l’épaule à l’index, par laquelle le chef distribue les entrées comme s’il montrait du doigt quelque merveille dans une piste aux étoiles, ou faisait un petit coucou à ses musiciens. Il fait apparaître et disparaître les pupitres, comme des colombes s’envolant vers le ciel.

Sa prise de micro est aisée, son commentaire essoufflé et généreux, avec L’arlésienne de Bizet. Tout un univers y est associé par le public méridional : la farandole des santons de Provence, la marche des rois, et la croyance chevillée aux cors : « Jésus est né en Provence »

Pianiste incandescente

© Philippe-Porter

Vêtue de rouge et de noir, ceinturée de strass et chaussée d’interminables talons rouge, la pianiste Lise de la Salle semble également apprécier les accessoires du spectacle et de l’enchantement. Ses doigt frottent le clavier comme une allumette, elle tient son buste légèrement à distance d’un piano hautement inflammable qu’il faut contrôler d’un geste sûr et précautionneux. Cela contribue à conférer aux passages retenus de la partition une énergie méditative : la rapsode Lise de la Salle rêve et flotte, à l’intérieur de sa belle bulle bleue. Côté échange avec l’orchestre, la pianiste retourne son intériorité, comme un gant, pour aller à la rencontre des tutti et des soli (admirable premier violon), encore une fois dans les moments de calme et de langueur. 

Là, le travail se resserre autour de la résonnance piano-orchestre, afin de rendre palpable les alliages magiques voulus par le compositeur, quand tous les paramètres du son se trouvent à égalité : timbre, mélodie, rythme, harmonie…

Orchestre National de France flamboyant

Les cent dix-neuf musiciens que compte la phalange sont au taquet, davantage concentrés que souriants, tels des artisans lapidaires, occupés à sertir des pierres précieuses avec minutie. Ils répondent « comme un seul homme » aux tours de main de leur chef, dans leur habit sonore de lumière fait d’éclat et de lustre, avec, dans un nuage de paillettes, quelques moments de rencontre rares entre instruments soliste (flûte-saxophone dans l’Arlésienne, violon-tuba dans Un Américain à Paris).

À lire également : Porgy, Bess et Gershwin sur grand écran

L’emboitement des motifs dans Candide est remarquable d’équilibre ; l’orchestre sonne haut et clair dans l’Arlésienne, délicieusement décadent dans Offenbach-Rosenthal, dense et sensuel, voire déboutonné, dans Gershwin.

Si le travail du contretemps (le groove jazzy) est le fil conducteur de la musique, le travail d’échange France-Amérique du Nord, est le fil conducteur thématique de la soirée : de Voltaire (Candide) à Daudet (l’Arlésienne), de Paris (La Gaîté parisienne, Un Américain à Paris) à New York (Rapsodie in Blue). « Que notre joie demeure, que la musique demeure » : tels sont les mots partagés par le chef et le directeur du GTP, Dominique Bluzet. « Dans le hall, ce sera Champagne pour tout le monde ! », conclut ce dernier. Ceux qui peuvent se déplacer au concert ont décidément bien de la chance, c’est pourquoi le GTP et l’Assami œuvrent auprès des publics dits « éloignés ».

Demandez le programme !

  • L. BernsteinCandide, ouverture
  • G. BizetL’Arlésienne (Carillon, Menuet, Adagietto, Farandole)
  • J. Offenbach / M. RosenthalLa Gaîté Parisienne ; extraits
  • G. GershwinRhapsody in Blue ; An American in Paris
- Espace publicitaire -
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

- Espace publicitaire -

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

- Espace publicitaire -

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]