Il était une fois un Prince nommé William Christie…
Certes il était né roturier, dans une famille d’immigrés partis vers le Nouveau-Monde il y a fort longtemps. Mais après ses études à Harvard puis à Yale, ce Prince s’est établi en France à 27 ans, pour y fonder un peu plus tard (en 1979) son ensemble consacré à la Musique Baroque (et française en particulier). Depuis, Les Arts Florissants (d’après le titre d’un opéra de Marc-Antoine Charpentier) ont construit, saisons après saisons, la renommée internationale qui les accompagne de Tokyo à New York en passant par Londres, Berlin, Madrid…
Il était une fois une vieille bâtisse à moitié effondrée nichée dans des hectares en friche dans le sud de la Vendée.
William Christie la découvrit en 1985 et y vit tout de suite l’occasion de concrétiser l’un de ses rêves les plus chers : y créer son domicile et surtout, autour de la bâtisse rénovée de fond en comble et décorée d’un goût très sûr, un immense jardin extraordinaire, conçu avec des paysagistes et des jardiniers, modelé, construit, choyé et entretenu avec soin, saisons après saisons. Le projet le plus fou vit alors le jour : de ces acres de champs délaissés surgirent de longues allées plantées d’arbres et de buis, des serres, une pinède, un pont japonais, un verger, un potager, un poulailler, un cloître, une pergola, des terrasses, un théâtre de verdure et enfin un majestueux plan d’eau…
C’est que le Prince voulait exporter la musique baroque qu’il aime tant loin des salles prestigieuses de concerts du monde entier où il la dirige chaque semaine avec son ensemble.
Il voulait que chaque recoin de ce jardin devienne une scène.
À Lire également : Chez William Christie, c’est pas Versailles ici ?
Il était une fois des musiciens, instrumentistes et chanteurs, tous passionnés de la musique écrite entre le XVIe et le XVIIIe siècle, tous ardents défenseurs de cette écriture, de cette sonorité, de ces phrasés spécifiques, de ces couleurs procurées par les instruments anciens, tous membres des Arts Florissants… Ils refont vivre, depuis 2012 (et donc pour la 13ème édition cette année), au détour des allées, du début de l’après-midi à tard dans la nuit, des moments musicaux d’exception, que les visiteurs découvrent au détour de leurs Promenades Musicales dans les Jardins de Monsieur Christie : ici des extraits du Couronnement de Poppée de Monteverdi, là un concert sur le thème des insectes allant de Marin Marais à Bartok, ici encore une recréation des concerts secrets des Dames de Ferrare avec des duos de Luzzaschi, ou encore là un quintette à cordes de Boccherini, une Cantate de Clérambault ou des Chansons à boire de Purcell…
Chaque séquence (d’un format d’une demi-heure environ) est un mini-enchantement sous les pins, les ormes ou encore les tilleuls…
À Lire également : La Néréide et les trois Dames de Ferrare au Festival de Saint-Denis
Il était une fois aussi un public amoureux de la Musique ancienne, fidèle, également passionné, ravi de la qualité des intervenants et de la simplicité des artistes qui répondent volontiers à toutes les questions, et surtout ému de l’ambiance bon enfant qui règne dans les allées.
Pour toutes ces raisons, ce public se presse chaque année plus nombreux à Thiré, au sud de la Vendée, pendant les dix derniers jours du mois d’août. Le Festival affiche cette année 100% de remplissage avec 9.000 billets vendus, pour ce Festival des jardins qui tient toutes ses promesses botaniques et musicales.
