FESTIVAL – Le Festival dans les Jardins de William Christie est reparti pour un tour ! En plein cœur de la Vendée, dans son domaine de Thiré, le chef et fondateur des Arts Florissants accueille le public pour des journées qui sont plus qu’une simple liste de concerts. Quand le baroque se met au vert…
Ici, le parc est un petit monde dont la visite commence avec un pont, et un plan. Quand on a passé le premier, on se plonge dans le second pour découvrir tout un tas de noms qui sentent bon le raffinement du jardin à la française haut de gamme : Mur des Cyclopes, Miroir d’eau, Pinède, Petit Bois d’Henry-Claude, Pont Chinois… Autant de lieux qu’on imagine avant de les voir, et qui donnent envie de tous les visiter, en suivant le chemin tracé par les pas des visiteurs qui nous y précèdent. Et autant vous dire qu’on a eu Charles Trenet dans la tête à peu près toute la journée. Merci William Christie…
Maman dans mon jardin, extraordinaire…
Mais ici, la bonne façon de visiter, c’est de se perdre ! En errant çà et là, on tombe sur un potager fleuri, on traverse trois fois la même petite rivière, on croise les compagnons de parking au détour d’un bosquet, bref : on flâne. On laisse le poète en soi se raconter l’histoire des lieux, s’émerveiller des différentes teintes de vert de l’horizon et interpréter les métaphores qui se cachent derrière chaque pierre. Et comme ce parc est une vision d’artiste qui a sacrément de choses à raconter, il y en a quelques-unes. Ensuite, un peu comme on s’est perdus dans les méandres d’une œuvre en y cherchant nos propres réponses pendant un spectacle, on fait la visite guidée qui nous donne toutes les clés de lecture. Et plus d’une fois on se dit « ah c’est marrant, j’avais pas pensé à ça ! »
…il y a des canards qui parlent anglais !
Voilà comment on passe un après-midi ici, hors du temps et de l’espace, dans les Jardins de William Christie. Comme à Versailles tout l’été, on trouve aussi des petits concerts à Thiré ! Sauf que là, sous les pins et dans les bois, on rencontre des élèves de la Juilliard School de New York, tous aussi virtuoses les uns que les autres, des chanteurs made in « Arts Flo », et même Paul Agnew, co-directeur de l’ensemble ! De sacrées belles plantes…
On a pas noté le programme avant de réserver sa place ? On s’en fiche ! On connaît les Arts Flo, on sait qu’on sera pas déçus. Programmés toutes les demies-heures, et assez courts pour nous permettre de quitter l’un sans rater le début de l’autre, ces moments de musique sont autant de petits amuse-bouches qui préparent les oreilles au « main event » du soir, sur la scène posée au milieu du bassin : Didon et Énée, d’Henry Purcell. Anglais, of course…
À lire également : le compte-rendu du Didon et Énée des Arts Florissants, à lire sur Ôlyrix
Étoiles flottantes
Puis la nuit tombe, et à la fin du spectacle on a le droit de faire un dernier tour de bassin pour voir les étoiles se refléter dans l’eau verte, aidées par les bougies flottantes. Nénuphars de lumière qui inondent l’esprit de petits haïkus improvisés, probablement pas très bon, mais on s’en fiche. On reviendra demain.
C’est comme ça les journées ici. Ça sent bon l’élégance à la française, sans les dorures. Ça a le cachet de Versailles sans golfettes de touristes qui avalent les hectares, audio-guide en main, et ça fait voyager en première classe pour le prix du RER C. C’est pas Versailles ici mais c’est Royal…