
De Clément Janequin (1485-1568) à Jean-Michel Jarre, Les Cris de Paris sont époustouflants, arrivant à jongler entre théâtre, mime et musique a capella. Il leur faut glisser des diapasons ici et là pour rester toujours à l’unisson… par exemple à la place d’une cuillère dans une coupe de glace !
Qui du metteur en scène Nicolas Vial ou de Geoffroy Jourdain a eu l’idée de jouer avec des carrés de couleur projetés au sol pour signifier la gamme de son ? L’effet est très amusant, et rappelle cette démonstration de Bobby McFerrin sur l’universalité de la gamme pentatonique :
« Je suis certain que des spectateurs écouteront ainsi avec plaisir des pièces modernes qu’ils auraient boudées dans un concert classique ou dans un contexte plus… protocolaire », a affirmé le directeur des Cris. Là aussi, il a vu juste : les musiques les plus étonnantes semblent évidentes à nos oreilles, celle de Georges Aperghis (né en 1945) – sûrement l’un des plus prolixes compositeurs à utiliser du langage non signifiant -, celle du délirant Giacinto Scelsi (1905-1988), ou encore du dadaïste Kurt Schwitters (1887-1948) plus connu pour ses peintures et sculptures que pour son « Ursonate », sonate de sons primitifs ! Pour interpréter ces partitions audacieuses, les chanteurs devront parfois renoncer aux saynètes et s’installer plus traditionnellement en demi-cercle. Tant mieux, car il faut cela pour rendre aussi la beauté et la profondeur de ces langages.
[…] spectacle vient puiser dans l’ADN des Cris de Paris (lire un précédent article ici), dans sa réflexion sur le chant délesté de la partition et sur les limites de la musique dite « […]