CONCERT – Ce mardi 21 février à 20 heures se déroulait un diptyque des compositions de Beethoven et Prokofiev dans la grande salle Pierre Boulez de la philharmonie de Paris. Au commandes, le Royal Concertgebouw dirigé par Paavo Järvi.
Deux monuments du classique
Pour commencer, le Concerto pour violon en ré majeur, Op. 61 de Ludwig van Beethoven demeure l’un des concertos les plus célèbres pour violon qui s’inscrit au répertoire de tout soliste tant il se pose en référence de la musique du XIXe siècle. Selon une anecdote, l’œuvre aurait été écrite en un temps record et le soliste Franz Clément l’aurait déchiffrée en grande partie lors de sa création. À sa création, le concerto est un succès retentissant, et fait encore résonner les applaudissements quelque deux cent ans après.
Mort le même jour que Staline, le compositeur russe Sergueï Prokofiev a produit des œuvres profondément influencées par la Seconde Guerre mondiale, avec un souffle épique et parfois brutal reflétant la dynamique aliénante du XXe siècle. Sa Symphonie n° 5, créée en janvier 1945 à Moscou, est considérée comme la dernière de ces œuvres « de guerre » et combine un lyrisme grave avec une joie populaire. La victoire de l’Armée rouge contre l’Allemagne nazie a marqué la création de cette œuvre.
Crescendo dans le ton et les émotions
Solennelle et grandiose, l’intonation est donnée lorsque débute le concerto pour violon Ludwig van Beethoven, interprété par Lisa Batiashvili. Dans l’un des plus célèbres concertos pour violon associé à une symphonie reflétant « la grandeur de l’esprit humain » (Prokofiev), Lisa Batiashvili virevolte avec sensualité en démanchant sur son instrument, toujours d’une grande douceur dans une performance nuancée à souhait. Si certains yeux se ferment dans les passages les plus doux c’est que (presque) aucune fausse note n’est entendue, permettant l’assouvissement de la contemplation musicale.
Les mêmes yeux engourdis s’écarquillent alors, car s’ensuit la Symphonie n.5 du compositeur Russe, une prestation là aussi toute en émotions proposée ce soir-là par le Royal Concertgebouw Orchestra dirigé par Paavo Järvi. Faisant voyager le public parisien dans les contrées du Grand Est du milieu du XXème siècle, le tuba le gong, la grosse caisse accompagnés des quelque 50 cordes grandiloquentes dans la salle lumineuse de la Philharmonie de Paris. Si le chef contraste avec toute cette puissance dans son déhanché svelte et ses mouvements mesurés, il reste à l’affût de chaque membre de son orchestre, répondant et pétillant dans sa direction. Tous les instrumentistes semblent ne faire qu’un jusqu’à la fin du concert, pour le plus grand bonheur de l’audience qui lui fait ovation dès le dernier accord entendu.