CONCERT – À la tête de l’Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä poursuit son exploration des répertoires musicaux les plus variés, passant d’une pièce contemporaine de Kaija Saariaho au Concerto pour Violon de Jean Sibélius, pour ensuite conclure la soirée par une interprétation très personnelle de la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz.
Sous le ciel d’Helsinki
La compositrice Kaija Saariaho, née en 1952 à Helsinki, occupe une place prépondérante au sein de la création musicale contemporaine, que des succès publics réitérés viennent régulièrement conforter. Ciel d’hiver, extrait d’Orion, composé en 2002, a fait l’objet d’un arrangement ultérieur destiné à l’Orchestre Lamoureux. Cette pièce orchestrale assez brève, d’une durée de 10 minutes, vise à l’onirisme et distille une ambiance presque magique, quasi immobile par instant. Cette musique raffinée, dotée de subtiles transparences, avec une présence affirmée du piccolo et du violoncelle, deux instruments chers à Kaija Saariaho, trouve à s’exprimer sous la baguette inspirée de Klaus Mäkelä. Le Concerto pour violon en ré mineur de Jean Sibélius, créé sous la direction du compositeur lui-même à Helsinki en 1904, est justement redouté par tous les violonistes pour ses difficultés d’écriture et une virtuosité qui jamais ne se relâche tout au long de ses trois mouvements tous très lyriques, voire emplit de passion.
Le troisième mouvement tout particulièrement, Allegro ma non tanto, pousse le soliste dans ses plus subtils retranchements, avec ses gammes vertigineuses et ses staccatos redoutables. Janine Jansen livre une interprétation certes foisonnante de ce concerto, brisant les écueils accumulés par le compositeur avec ardeur et un art consommé. Mais une certaine froideur est toutefois ressentie, l’émotion se dissimulant derrière cette vision qui bouscule un peu la narration. Laissant à Janine Jansen le bénéfice de tout le brillant de la pièce, Klaus Mäkelä propose un accompagnement global plus apaisé, d’une précision impeccable.
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Une Symphonie vraiment Fantastique
Monument du répertoire français d’orchestre, la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz est inscrite à l’affiche de l’Orchestre de Paris depuis les origines de ce dernier, en 1967. Klaus Mäkelä en offre une interprétation toute personnelle, flamboyante certes, riche de couleurs et de ruptures. L’intensité des couleurs est ici extrême, mettant pleinement en valeur l’ensemble des pupitres de l’orchestre. Laissant, il est vrai, un peu de côté le versant romantique de la symphonie, il vise surtout à lui conférer une pleine modernité d’approche, lui apportant comme une nouvelle jeunesse débarrassée de certaines pesanteurs de tradition. Elle paraît avant tout vivante et la musique de Berlioz resplendit de mille feux sous sa baguette. La complicité du chef et des solistes de l’orchestre s’affiche ici pleinement. L’accueil vibrant du public de la Philharmonie de Paris vient souligner la pertinence de cette approche spécifique et son ancrage dans le monde d’aujourd’hui.