CONCERT – Vendredi 9 juin, l’Orchestre Philharmonique de Radio France conviait son public à un concert triplement classico-viennois. Au programme : Hayden, Sirmen, et enfin, clou du spectacle, Mozart, avec de petites – voire très petites formations. Trois collations sucrées qui vont bien avec l’esprit de cette fin de saison.
Votre concert, je vous le fais serré ?
D’abord, une petite mise en bouche avec le Concerto pour piano en ré majeur (Hob. XVIII 11) de Haydn. 20 petites minutes de belle musique, même si le jeu de Piotr Anderszewski, mi-soliste, mi-chef pour cette soirée, eut quelques difficultés à nous séduire au cours des premières pages. Le relief nous a ainsi paru trop timidement dessiné dans la partition principale, et trop prononcé dans les passages cadentiels. Ce ne fut vraiment que sur le troisième mouvement, aux intonations hongroises, que s’exprima plus amplement la vivacité de son jeu.
La deuxième pièce était très courte : 11 minutes de concentré de relais de thèmes, de contrepoint, de jeux de hauteur… Le Quatuor en fa majeur (op. 3 n°5) de Maddalena Lombardini Sirmen se compose de deux mouvements ; avec eux, sans doute possible, on restait dans l’intimité (et au XVIIIème). Son interprétation, si elle n’a pas causé de révélation musicale profonde de notre côté, nous a néanmoins semblé changeante, espiègle et chaleureuse à la fois.
Vous prendrez bien une pâtisserie… ?
Le Concerto pour piano n°24 en ut mineur (K. 491) de Mozart nous a surpris par l’arôme quasi beethovenienne de son introduction majestueuse, qui faisait notamment la part belle aux vents. Nous y avons trouvé savoureuses les interventions du basson. On put apprécier cette fois-ci, de tous les côtés, une véritable générosité mélodique, une ampleur des gestes et du panel de nuances. Le deuxième mouvement se montra lui aussi plus complexe et subtil – dans sa forme comme dans son interprétation. L’Allegretto final fut un vrai coup de cœur. Il y avait quelque chose de faussement gauche dans cette mélodie du piano (jeu sur les contretemps, appoggiatures), et le jeu de Piotr Anderszewski fut clair et généreux.
Un breuvage onctueux mais tiède…
Le programme a eu du mal à nous convaincre tout à fait. Nous avons regretté que le piano mette du temps avant d’entrer dans un jeu pleinement épanoui et généreux – à la fin paradoxalement un peu trop marqué dans la gestuelle. Cette salle, dans laquelle nous avons plus souvent eu l’occasion d’entendre de grandes formations symphoniques que des ensembles restreints, semblait un peu grande pour l’instrument soliste dont le phrasé prenait malheureusement une teinte trop uniforme. Le premier violon eut, sur la deuxième pièce, quelques difficultés à mêler son timbre à celui des trois autres instruments, et nous parut légèrement trop haut.
À lire également : Piotr Anderszewski à la Philharmonie de Paris : une échappée poétique et émouvante
Le propos fut nettement plus séduisant sur le Mozart, qui parut paradoxalement plus court que les deux premières pièces tant il était vif et allègrement exécuté. L’occasion pour nous de rendre à César ce qui est à César : l’orchestre, le quatuor et le soliste n’ont pas failli à leur devoir et ont su exécuter avec sérieux ces morceaux. Ajoutons que le public eut droit à un petit biscuit en complément de son café : un rappel – sûrement pas essentiel, en ce qu’il s’agissait d’une redite, mais qui permit en revanche de voir combien relative était, malheureusement, la complicité entre l’orchestre et son soliste…