AccueilA la UneLe Moi, le Sur-moi et le mois charmant : variations sur Marilou

Le Moi, le Sur-moi et le mois charmant : variations sur Marilou

FESTIVAL – À l’occasion du 23 ème festival européen des Jeunes Talents, le public parisien est invité à rejoindre l’ensemble Marilou à la cathédrale Sainte-Croix des Arméniens. Au programme, une thématique autour du Mois charmant en toute jeunesse. Preuve que le baroque n’est pas une musique d’anciens…

Plus d’instruments que d’interprètes

Toute jeune d’un an à peine, l’ensemble Marilou, s’accorde autour des variations et dissonances baroques en formation variable. L’ensemble issu du CNSM de Paris tend à ranimer un répertoire de niche avec une certaine souplesse : cinq interprètes, mais bien plus d’instruments. Capables de varier les casquettes, l’ensemble est donc composé d’Hélène Richaud au violoncelle baroque et chant (mezzo-soprano), de Samuel Bricault au traverso, Gabrielle Rubio au théorbe et traverso, Agnès Boissonnot-Guibault à la viole de gambe et Cécile Chartrain au clavecin.

Les compositeurs et la bergère

Le quintet tient à mettre à l’honneur des compositeurs souvent méconnus du public, comme André Chéron, qui était claveciniste à l’opéra de Paris, dont les sonates en duo et trio s’imposent avec des variations de rythme, mais également Honoré d’Ambruys et son Livre du Sieur, et le Doux silence de nos bois. Partagé entre des Sonates, livres de cantates, airs de cour et surtout un recueil d’Airs serveurs et à boire de Julie Pinel, le thème courtois baroque est à son comble. Samuel Bricault en profite pour rappeler au public désopilé que Julie Pinel, décédée à un jeune âge fait partie du clan des 27, soit 27 musiciens partis trop tôt (l’occasion de rappeler les noms de Curt Cobain, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison et dernièrement Amy Whinehouse ).

Invitation à la déconnexion, la temporalité de la musique baroque rejoint les thématiques du charme champêtre et des malheurs amoureux. Bergère soupirant dans les bois, courtisée et abandonnée, chaque partie chantée invite à rejoindre le cadre verdoyant d’une campagne en dentelle, faite de désespoir, d’abandon et de pleurs soupirants.

« Bergère qui fait mes désirs, voici le mois charmant des fleurs et des zéphyrs et la saison qui te ressemble. Ne perdons pas un moment des beaux jours, c’est le temps des plaisirs et des tendres amours. » ——- Le doux silence de nos bois, Honoré d’Ambrius.

Hélène Richaud : troubadour au féminin

Accompagnant la qualité des instruments, Hélène Richaud dépose son violoncelle (baroque) et place sa voix de mezzo-soprano en des places aériennes. Veloutée, homogène et nuancée, la rondeur de voix de la chanteuse s’accorde à l’ensemble avec un très bel équilibre, sans difficulté apparente. Le naturel de l’ensemble et la facilité d’interprétation laisse place à une énergie solaire qui se dégage de chacun. Hélène Richaud témoigne d’un calme et d’une générosité de voix qui s’accorde à la pudeur des instruments.

Voix intérieure – Duo pour violoncelle seul – sur un poème d’Anna de Noailles
Le petit orchestre de Marilou

Samuel Bricault réussit à faire scintiller a ligne de son traverso avec une belle finesse et une sensibilité assurée. Formé à la flute traversière classique et flageolet, Samuel se produit en musique de chambre avec des orchestres et des ensembles de musique contemporaine, ainsi qu’en soliste avec orchestre. Il s’est également formé à la musique indienne et a exploré d’autres genres musicaux tels que la musique traditionnelle irlandaise et l’improvisation libre. Accompagnant la brillance de Samuel Bricault, les instruments à cordes d’Hélène Richaud, Agnès Boissonnot-Guibault et Gabrielle Rubio s’accordent avec finesse et complicité. Toutes deux marquent un rythme léger et souple, tenu par une belle précision.

À lire également : Touches noires et blanches en wabi sabi : le clavier de Bela Schütz

Concentrée et généreuse, Cécile Chartrain au clavecin témoigne d’une grande liberté d’interprétation. La soliste propose les suites de Jean-Henri d’Anglebert, Louis Couperin, Jacques Champion de Chambonnieres avec une vélocité et une précision remarquée.

Formée dès son plus jeune âge au conservatoire d’Angoulême, Agnès Boissonnot-Guibault obtient ensuite son DNSPM au Conservatoire Nationale Supérieur de Musique et de Danse de Lyon avant de rejoindre une master classe au conservatoire de Paris dans la classe de Christophe Coin. Elle emporte en 2018 le troisième prix ainsi que le prix du public au concours international de viole de gambe « Bach-Abel ».

Gabrielle Rubio s’est formée très tôt à la guitare et flûte traversière jusqu’à intégrer le CNSMD de Paris à l’âge de 15 ans, en Guitare, dans la classe d’ Olivier Chassain et Laurent Blanquart et de rejoindre quelques années après, en e2015 l’Orchestre Français des Jeunes Baroque.

Affaire à suivre pour l’ensemble Marilou qui sort bientôt son premier CD sur le label des Belles Ecouteuses.

A bons entendeurs, salut !

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