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Maria João Pires à la Philharmonie de Paris : un piano qui fait du bien

COMPTE-RENDU – Le 5 mars dernier, la pianiste portugaise Maria João Pires se produisait en récital à la Philharmonie de Paris, dans un programme des plus classiques, consacré à Beethoven, Mozart et Schumann. Retour sur un récital tout en douceur, aux antipodes du piano démonstratif de certaines stars plus jeunes et plus instagrammables. 

La compétition tue la créativité

La pianiste portugaise Maria João Pires, âgée de 79 ans, avait annoncé qu’elle quitterait la scène internationale en 2018. Cinq ans plus tard, elle est toujours là, et le temps semble glisser sur elle. Elle explique que « la musique prime, pas la course à la notoriété, la technique, la puissance ou la vitesse ». Elle ajoute même : « La compétition tue la créativité ». Sa créativité, nourrie de rigueur et de discipline, emporte l’adhésion : son jeu est une sorte d’épure sans affectation, mais d’une grande puissance expressive.

Un récital perlé

Elle est véritablement une reine du piano. Dans la sonate Pathétique de Beethoven, son piano se fait chantant, doux et mesuré. Sous ses doigts, la 11e sonate de Mozart, est limpide et cristalline, tandis que les Kinderszenen (Scènes d’enfant) de Schumann deviennent un album photo qu’on feuillette avec émotion. Maria João Pires a l’écoute analytique, une qualité nécessaire pour jouer ce répertoire. Le public est conquis, convaincu d’avoir affaire avec Beethoven et Schumann à une musique qui apaise et adoucit les mœurs (NB : on en oublierait presque, pour Schumann, la syphilis, le plongeon dans le Rhin à Düsseldorf ou encore la folie déchaînée des Kreisleriana !). Dans l’opus 110 de Beethoven, son jeu est clair, limpide et recueilli. Humble, elle avait même confié récemment avoir attendu ses 70 ans pour aborder ce témoignage musical monumental.

À lire également : Le Dernier Piano, le patient syrien

Il y a toujours comme un hiatus, quand on y pense, dans le fait d’interpréter ces pièces prévues pour un cadre intimiste (non, ce n’est pas du Rachmaninov) dans des salles susceptibles d’accueillir 1900 spectateurs. Malgré tout, le piano de Maria João Pires est un piano qui fait du bien, comme il y a de la littérature qui fait du bien, aristocratique et poudrée, un ultra-Beethoven*, aux amours malheureuses, à la fois chagrin et aspirant à l’union de tous les peuples sur terre. Et l’on se prend alors à faire du Sainte-Beuve…

*en référence à l’essai Ultra-Proust, de Nathalie Quintaine, paru en 2018 aux éditions La Fabrique

Pour le plaisir

La voici en 1998, avec Riccardo Chailly à la tête de l’Orchestre du Conzertgebouw d’Amsterdam. Ils se produisent en « concert de midi » avec, au programme, le concerto en ré mineur de Mozart. Problème : elle n’a pas préparé le bon concerto ! On la voit alors rassembler ses moyens, encouragée par le maestro, avant d’attaquer, de mémoire, la bonne partition, sans une seule erreur :

Maria João Pires (piano), Orchestre du Conzertgebouw d’Amsterdam, Riccardo Chailly, direction
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