CINEMA – En salles ce mercredi 13 avril, Le Dernier Piano, premier film du Libanais Jimmy Keyrouz, suit Karim, pianiste de talent, pris au piège de la guerre en Syrie. La musique est signée par son compatriote, Gabriel Yared, oscarisé pour Le Patient anglais.
Tous les français ne connaissent pas le nom de Gabriel Yared mais tous connaissent sa musique et plusieurs millions de personnes l’écoutent même tous les jours, le temps d’un générique, à 20 heures pile, lorsqu’ils se branchent sur la chaîne TF1.

Le compositeur de 72 ans, d’origine libanaise vivant à Paris est un touche-à-tout, d’arrangeur pour des musiciens de variétés à compositeur de musique de ballet, il s’est surtout épanoui en tant que compositeur de musiques de film, avec, comme consécration en 1997, l’Oscar de la meilleure musique originale pour le Patient anglais d’Anthony Minghella.
Compatriotes libanais
Faire appel à Gabriel Yared pour composer la musique du premier film de Jimmy Keyrouz devait être une évidence. En effet, le réalisateur et scénariste, libanais comme Yared, formé à son art dans une grande école occidentale, comme Yared (Columbia pour Keyrouz, l’Ecole normale de musique de Paris pour Yared) a l’ambition de raconter à tous la guerre en Syrie.
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Le spectateur suit pour cela Karim, un jeune pianiste de talent, qui rêve de quitter son pays en proie aux bombes et à la cruauté de l’organisation État islamique.
Dans sa quête pour restaurer et vendre son piano, Karim croise la belle silhouette d’une combattante (kurde?) qui a choisie, elle, de défendre ses valeurs. Le décor est donc celui d’un film de guerre, tandis que l’histoire est celle d’un mélodrame, et le tout peut faire office de documentaire. Quelle ambition pour un premier film !
Une réécriture par Gabriel Yared de l’Ode à la joie, symbolise avec émotion le tourment de Karim
Belle photographie
Face à cette gageure, c’est le directeur de la photographie qui s’en tire le mieux. Les images nous montrent ainsi avec effroi les horreurs de cette guerre, tout en étant capable de créer au milieu des ruines des moments d’intimité. Le scénario et la réalisation sont quant à eux efficaces. Très efficaces. Trop efficaces. La leçon est bien apprise, mais tout parait être écrit à l’avance.
La magie du cinéma qui permet au spectateur de ne plus se rendre compte qu’il regarde une toile, n’est pas là. Il ne manque pas grand chose. Elle y sera certainement pour le deuxième film de Keyrouz.
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Et la musique? Elle souffre du problème de positionnement du film. Mélancoliques, les mélodies ne mettent pas assez en relief les affres de la guerre. Rythmées, les morceaux nous font s’éloigner les protagonistes de l’histoire. Certaines passages du films surnagent cependant, avec des moments très réussis.
Ainsi, une réécriture par Gabriel Yared de l’Ode à la joie, extrait de la 9eme symphonie de Beethoven, symbolise avec émotion le tourment de Karim, coincé entre son rêve d’Europe et son devoir envers sa terre natale.
Reste l’aspect documentaire du film, indéniable. Malgré le mélodrame, le réel est présent, implacable. Rien que pour cela, on peut aller voir Le Dernier Piano. Pour ceux qui veulent écouter la bande originale, l’album est sorti sous le nom en langue anglaise du film : Broken keys.