AccueilA la UneCoups de coeur à Chantilly : misez sur le bon cheval !

Coups de coeur à Chantilly : misez sur le bon cheval !

CONCERT – Au cœur du Dôme des Grandes écuries du château de Chantilly se réunissaient ce dimanche 10 septembre 2023 le Quatuor Modigliani ainsi que le pianiste Iddo Bar-Shaï (par ailleurs directeur artistique de l’événement) et le baryton Matthias Goerne pour interpréter un programme copieux. 

On nous avait toujours dit que Chantilly était réservé aux amateurs du prix de Diane ou aux passionnés de châteaux – mais de musique, nous n’avions jamais entendu parler ! Sous forme de week-ends musicaux, les « Coups de cœur à Chantilly » nous proposent pourtant d’aller écouter quelques très belles pièces de répertoire interprétées par des musiciens de renom. 

Tous en selle ! 

Le concert se déroulait en quatre grands moments : Mozart, Schubert, Beethoven… et encore Beethoven. Nous avons moins adhéré à la première et la dernière pièce du programme. Il y avait un déséquilibre entre l’intimité acoustique que génère tout ensemble de musique de chambre, et l’immensité de cette salle très haute de plafond qu’est le Dôme des Grandes Ecuries. Mozart n’eut cependant pas à rougir de l’interprétation qui fut donnée de son Quatuor avec piano n°1 en sol mineur (K. 478) : la vélocité et la qualité du phrasé étaient au rendez-vous. Un soin délicieux était apporté par ailleurs aux jeux d’enchâssement entre les instruments (piano d’une part ; violon, alto et violoncelle d’autre part), et le pianiste généreux savait faire preuve par moments d’une frénésie toute distinguée. 

Le Quatuor Modigliani © Jérôme Bonnet

Mais si vous trouvez Mozart trop réservé, trop sage et mesuré, Beethoven était là pour vous consoler. La dernière pièce du programme, le Quatuor à cordes n°7 en fa majeur opus 59 n°1, était plus fougueuse, et les contrastes plus marqués. Cette fois, finie la sagesse ; l’écriture de Beethoven est comme une fuite en avant et nous piège sans cesse en laissant croire qu’une phrase est bien arrivée à son terme. Notre préférence alla pour le troisième mouvement (Adagio molto e mesto) : plus lent, plus riche en moments intenses et poignants et offrant par ailleurs de beaux passages en unisson.  

Chantilly avec les chevaux, mais sans les courses
Mathias Goerne

Les morceaux du centre (deux brefs cycles de chant) étaient très bien sentis. La gestuelle de Matthias Goerne est très, très expressive, et sa présence sur scène va de pair avec une voix formidable, qui vous déride en quelques secondes. La question acoustique se trouvait par ailleurs totalement résolue : le développement si fluide de cette tessiture déconcertante de baryton, la clarté jamais abrupte, les reflets chatoyants de cette voix toujours altière enfin, emplissaient sans difficulté l’espace, et enrichissaient en retour les couleurs des instruments. A ces doses-là, personne n’a le temps de s’ennuyer : un récital entièrement consacré au Lied peut être moins accessible, mais il s’agissait ici de très impressionnantes petites pièces. 

Pour Schubert, nous avons eu droit à cinq Lieder, tous donnés dans la version arrangée par Raphaël Merlin pour quatuor à cordes et contrebasse (Laurène Durantel). Chaque pièce mériterait que l’on s’y arrête, mais ce furent la deuxième et la quatrième qui nous fascinèrent le plus : Der Tod und das Mädchen (D. 531) et Atys (D. 585).

On nous avait promis ensuite du Beethoven, et il nous fut effectivement apporté sur un plateau d’argent. Trois courts Lieder (Beethoven en aurait composés près de 80 !) : Klage WoO 113 en mi majeur, Mailied en mi bémol majeur opus 52 n°4 et Der liebende en ré majeur WoO 139, dans lesquels piano et voix s’entendaient à merveille. L’atmosphère du premier morceau était planante, la ligne mélodique erratique, imprévisible – mais humble. Même les doigts du pianiste semblaient suspendus, et les passages des aigus vers les graves étaient pénétrants. Le ton de la deuxième pièce était très différent, avec des lignes mélodiques malicieuses et rondes, tandis que la troisième pièce, plus rythmique, affichait une prosodie déterminée et pleine d’allant.   

À lire également : La playlist classique de François Kieffer, violoncelliste du Quatuor Modigliani

A tout seigneur tout honneur : au rang des mentions spéciales, nous remercierons les chevaux qui semblaient prendre un doux plaisir à hennir lors des brefs moments de silence, depuis les boxes de la salle attenante – et le public ne fut pas moins chaleureux au moment d’applaudir les artistes.

- Espace publicitaire -
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

- Espace publicitaire -

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

- Espace publicitaire -

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]