AccueilA la UneRattle fait un Mahler galactique à la Philharmonie

Rattle fait un Mahler galactique à la Philharmonie

COMPTE-RENDU – La Philharmonie de Paris accueille l’Orchestre Symphonique de la Radiodiffusion Bavaroise avec son nouveau directeur Sir Simon Rattle dans la Symphonie n°6 de Mahler…

… ou plutôt : ces musiciens accueillent le public dans la 6ème de Mahler dans la Grande Salle de la Philharmonie, tant l’orchestre emplit ce vaisseau acoustique d’une sonorité opulente, englobant tout l’espace.

Un œuf pour la 6

La salle est ainsi pleine comme un œuf pour cette dantesque Symphonie n°6 : chaque siège occupé d’oreilles baignées dans les sonorités qui emplissent chaque millimètre³ de l’espace acoustique, rempli à ras bord du son de cet orchestre Mahlérien qui occupe toute la scène.

Le Réveil de la Force

Le vaisseau acoustique devient ainsi un vaisseau spatial comme flottant dans l’éther par l’intensité de la bulle sonore qui l’emplit. Un vaisseau d’autant plus spatial que l’intensité de cet orchestre s’entendrait même depuis une galaxie très très lointaine…

Une telle richesse sonore redoublée de l’intensité de ses marches, impériales, martelées, évoque immanquablement de grands espaces galactiques emplis de forces menaçantes… En somme, il suffit d’écouter Mahler par Rattle pour entendre encore mieux combien Mahler a inspiré la BO de Star Wars.

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C’est cette dimension hors-norme, galactique, qui passionne visiblement Rattle : c’est vers elle que mène toute l’intensité de ses gestes électriques : vers l’infini -des nuances- et au-delà. Et il n’est jamais aussi souriant que lorsque le son explose en salle telle une supernova avec une immense queue de comète acoustique.

Rattle Star Galactica

Mais s’il monte vers de tels sommets sonores, c’est qu’il sait combien sa phalange sait les nourrir de matière, et combien cette salle supporte la générosité des volumes.

Mahler-eusement, une telle intensité sacrifie les contre-chants (brouillons), les sections lentes et les nuances faibles. Sous le coup d’une telle puissance généralisée, ils sont pris trop vite, trop fort ou bien les musiciens, encore lancés dans l’intensité, ne parviennent pas à canaliser leurs gestes et leurs attaques (un peu comme si vous demandiez à un haltérophile de vous épiler le sourcil juste après que soit retombé au sol son record en épaulé-jeté).

Quelque chose cloche, mais à peine

Mais personne n’entendra crier ni même murmurer contre l’intensité de ce choix, et le public suit en équipage conquis ce capitaine de vaisseau qui n’a pas besoin de plan de vol (il dirige sans pupitre, sans partition). Mahler ayant pensé à tout, il a intégré dans son orchestre des cloches de ruminants : pour nous rappeler au plancher des vaches. Le public -avant de faire un triomphe sonore- n’en reste pas moins sur son petit nuage (ou plutôt sur son cumulonimbus aux larges dimensions de cette interprétation). Rattle aussi, qui garde les mains et les résonances finales suspendues dans les airs, encore en apesanteur.

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