Le trio Zadig en mode mineur

CONCERT – Le Trio Zadig poursuit une série de concerts inspirants consacrés à une combinaison de classiques du répertoire du trio avec piano, et d’œuvres plus rarement entendues. Lors de leur concert à l’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe (ECUJE), ils ont interprété le deuxième trio pour piano en do mineur op. 66 de Mendelssohn, qui n’est peut-être pas aussi connu que le premier, mais qui est une pierre angulaire du répertoire du milieu du XIXe siècle. Le deuxième Trio Élégiaque de Rachmaninov, écrit en réponse à la mort de Tchaïkovski en 1893, est beaucoup moins connu.

Musique de chambre, ambiance de salon

Ce fut une soirée intéressante.  Si vous n’êtes pas allés à l’ECUJE, vous ne connaissez pas sa salle de spectacle plutôt sympa au premier sous-sol, aménagée comme un croisement entre une boîte de nuit haut de gamme et un bar avec une programmation jazz plutôt bonne : des chaises autour de tables avec des bougies électriques, dans un espace d’environ 100m2. On y passe la soirée dans des fauteuils très confortables, dans une sorte d’atmosphère de salon très agréable, mais qui s’accorde peut-être un peu mal avec le répertoire très sombre du programme.

Premiers de cordée

Le Trio Zadig a un nouveau violoniste : Miclen Laipang, qui succède à Boris Borgolotto. Il était intéressant de voir comment la nouvelle dynamique se mettait en place. Borgolotto a beaucoup dirigé, et sous sa nouvelle forme, le Trio Zadig a une nouvelle flexibilité, un nouvel équilibre entre les musiciens. Ils font preuve d’un brio technique qui prépare le terrain pour une superbe musicalité – phrasé, contrôle de la dynamique et des articulations – couplée à un sens de l’ensemble qui est à la fois précis et risqué. Les tempi rapides étaient très rapides, les tempi lents très lents, et des passages comme l’ostinato obsessionnel au début du Rachmaninov ont été joués pour toute leur valeur obsessionnelle, sans aucune tentative de minimiser l’écriture compulsive de Rachmaninov. 

Les deux instrumentistes à cordes, Laipant et Marc Girard-Garcia, déploient des staccatos et des spiccatos extraordinaires qu’ils utilisent à la fois en solo et ensemble (et c’est assez impressionnant !), et ces articulations correspondent brillamment à la large gamme de couleurs que Ian Barber a réussi à extraire du clavier. Si vous aimez les premières œuvres de Rachmaninov – Symphonie n°1, Concerto pour piano n°2 – vous n’aimerez pas nécessairement le deuxième Trio Élégiaque ; c’est une œuvre très différente, largement basée sur le Trio avec piano de Tchaïkovski. Le Trio Zadig sculpte ces structures pour en faire des récits cohérents qui captent l’attention du public et ne la relâchent pas.

Public conquis

Le public de l’ECUJE était aux anges (il s’agissait de l’ouverture de leur saison classique – le programme s’annonce très bon), et la réaction a été tout simplement excellente. Le Trio Zadig a répondu à son tour par un rappel, et au moment où l’on pensait que le ton ne pouvait pas devenir encore plus sombre, ils nous ont offert le mouvement lent du Trio pour piano n°2 de Chostakovitch. Une soirée solennelle qui s’inscrit dans la continuité de l’engagement d’ECUJE dans l’actualité du Proche-Orient.

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