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Cenerentola : l’icône du TCE

OPÉRA – Le Théâtre des Champs-Élysées reprend la mise en scène de Damiano Michieletto de La Cenerentola de Rossini, énorme succès au Semperoper de Dresde en 2021, et pour cause : Cecilia Bartoli interprétait Angelina alias Cendrillon. Il faut dire que la mise en scène n’a pas vieilli d’un iota. Elle est drôle, féérique et piquante dans un décor grandiose et ressemble énormément à celle du Barbier de Séville, donnée à l’opéra de Bastille depuis une dizaine d’années. Preuve que Michieletto s’est imposé comme l’un des metteurs en scène phares de la jeune génération italienne sur la scène internationale.  

La Cenerentola : chef d’œuvre express !

Après le succès du Barbier du Séville (1815), le directeur de Teatro Valle de Rome commande en urgence à Rossini un opéra pour la saison du carnaval 1817. Jacop Ferretti écrit le livret en vingt-deux jours, une version modernisée du conte de Perrault sans citrouille ni pantoufle de vair, avec plus de rôles masculins à l’honneur. La bonne fée est un mendiant philosophe et la marâtre devient un affreux beau-père violent. Rossini compose la musique du livret en vingt-quatre jours. En seulement un mois, La Cenerentola est quasi bouclée ! Ce qu’on appelle un processus créatif rapide se solda par un fiasco lors de la première à cause du manque de répétitions. Mais avec le temps, la production se mettra à la hauteur de Rossini.

Les gars, il a chopé le 06 de Cendrillon ! © Vincent Pontet
Vue globale : Cendrillon 2.0

Cette mise en scène de Damiano Michieletto ouvre en grande pompe la saison lyrique du Théâtre des Champs-Élysées. L’action est transposée dans notre époque, plus précisément dans une cafétéria immaculée, avec carrelage et acier chromé, puis dans un loft chic. Plus de cendres pour Cendrillon mais des produits de nettoyage. Ça commence avec une scène familiale assez réaliste proche d’un film de Ken Loach, où Cendrillon plus bonniche que serveuse nettoie la cantine familiale. Elle se fait parfois taper dessus à coup de balai par son beau-père violent et alcoolique : le baron Don Magnifico. Les coups sont plutôt rudes quand ses demi-sœurs l’accusent d’avoir volé dans la caisse à leur place. Mais ce n’est rien comparé au moment où Cendrillon ose demander la permission d’aller au bal : c’est la poubelle cette fois-ci qu’elle reçoit sur la tête.

Il a osé parler à la serveuse, lui… © Vincent Pontet

Rossini avait déjà enlevé la magie dans sa Cenerentola : ici, plus question de bonne fée. C’est le personnage d’Alidoro (signifiant « ailes d’or ») qui endosse le rôle. Précepteur du prince, il va faire du repérage de princesses pour son prince en se déguisant en mendiant rabatteur. Il tombe sous le charme de la belle Cendrillon, pourtant pas à son avantage, devenant alors l’ange gardien qui l’extraire de son horrible famille. Il va même jusqu’à relooker sa petite protégée en femme fatale avec une robe rouge moulante le temps d’une soirée. Il l’emmène dans le loft chic du prince, grâce à un tour de passe-passe où la cafétaria s’élève dans les airs et laisse place à un salon qui glisse juste en dessous. Paulo Fantin s’est « donné » pour cette scénographie éblouissante et ce décor astucieux plein de rebondissements, comme cette scène où une voiture fracasse la vitrine de la cafétéria. 

Bon sang Marty, nous avons atterri dans un opéra de Rossini ! © Vincent Pontet
Point par point : drôles et brillants
  • La mezzo-soprano franco-suisse de 37 ans, Marina Viotti, assure, aussi bien scéniquement que vocalement dans le rôle-titre d’Angelina alias Cendrillon. Victime au début, puis femme forte à la fin, elle prend en main son destin et parvient à nous émouvoir à plusieurs reprises.
  • Face à elle, le beau prince ténébreux Don Ramiro, incarné par le ténor sud-africain Levy Sekgapane, éblouit par son timbre rafraichissant et sa timidité dans les mots. Il a ravi beaucoup de cœurs ce soir-là…
  • Les deux sœurs chipies incarnées par Alice Rossi et Justyna Otow sont drôlissimes en robes roses et vertes fluo.
  • Le baryton Peter Kálmán interprète quant à lui un beau-père alcoolique, violent, mégalomane mais avec une verve comique et une puissance vocale non négligeable.
  • La version masculine de la bonne fée, le précepteur philosophe Alidoro est incarné de façon convaincante par Alexandros Stavrakakis grâce à la puissance de sa voix. Et tous ces chanteurs sont dirigés d’une main de maître par la baguette magique de Thomas Hengelbrock.
Love vs Seum… © Vincent Pontet
Cendrillon, pour ses 20 ans…

Cette Cenerentola allie un casting lyrique talentueux avec une mise en scène astucieuse, moderne et féministe. Pas capitaliste pour un sou, Cendrillon préfère même épouser le « valet » que le « prince » qui se révèle être le vrai prince : « Celui qui veut m’épouser doit m’offrir respect, amour et bonté ». La base direz-vous, mais ça fait toujours plaisir de remettre au goût du jour un amour désintéressé. Mais Cendrillon, ce n’est pas seulement une romantique au grand cœur, c’est aussi une femme forte qui prend son destin en main. Elle souhaiterait pardonner à sa méchante famille mais n’y arrive pas forcément. Et, oui, Cendrillon n’est pas la gentille princesse de Disney. Lors de son mariage, elle va distribuer des boîtes à cadeaux à ses invités qui contiennent (alerte spoiler) des gants jaunes. Tous ceux qui l’ont humiliée vont lessiver le sol dans un nuage de bulles de savon. Quelle vengeance ! C’est décidé : cette Cendrillon ne finira pas comme dans la chanson de Téléphone.

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