COMPTE-RENDU : Le chœur et l’orchestre de l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie, dirigés par Yi-Chen Lin, donnent un concert comprenant Le Chant du Destin et la Symphonie n°4 de Johannes Brahms, ainsi que le Concerto n°1 pour violoncelle de Chostakovitch, mettant à l’honneur le soliste Bruno Philippe. Le lendemain, l’institution propose, avec ce même programme légèrement allégé, une expérience particulière « au cœur de l’orchestre ».
Classique : le public face à l’orchestre

Le soir, c’est à un concert traditionnel que l’on assiste, occasion de découvrir une nouvelle personnalité musicale : la cheffe taïwanaise Yi-Chen Lin. Sous sa baguette, l’orchestre privilégie la tension musicale à la puissance sonore. Coordination et coups d’archet sont remarquables, fruit d’un probable intense travail de répétition. Le sens artistique de Yi-Chen Lin est démontré par le son pur et très aérien des premières mesures du Chant du destin et ses timbales subtiles, les graves profonds du deuxième mouvement du Concerto de Chostakovitch, ou encore l’élan épique du troisième mouvement de la symphonie de Brahms. Yi-Chen Lin ne craint pas de faire monter les décibels quand ça s’impose.

Bruno Philippe met beaucoup d’intention dans l’interprétation des parties solistes du concerto pour violoncelle de Chostakovitch. Il s’engage physiquement dans son jeu au prix de quelques souffles bruyants. Il impressionne dans la tenue et la virtuosité des rythmes les plus rapides, ainsi que la poésie -quoiqu’un peu trop soulignée- de son interprétation. L’orchestre l’accompagne à une distance finement calculée, proposant des volumes modérés mais affirmant sa présence par sa netteté rythmique ainsi que la régularité de ses motifs. Le public est en tout cas aux anges et ne réclame au violoncelliste, manifestement très ému, pas moins de trois rappels dont le célébrissime prélude de la première suite pour violoncelle de J.S. Bach, joué tambour battant.
Point de vue : je me prends pour un musicien !
Dans le but de rapprocher toujours plus le public de ses institutions culturelles, l’Opéra Orchestre Montpellier Occitanie a permis à ce dernier de se fondre dans l’orchestre à l’occasion d’un évènement pédagogique, pour en apprécier les rouages et étudier son fonctionnement de l’intérieur.
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L’Opéra Orchestre National de Montpellier Occitanie permet de voir le concert depuis la salle avec les traditions usuelles du genre et le lendemain, en effectif beaucoup plus réduit… depuis la scène ! Le placement est libre, alors nous trouvons une place à quelques centimètres de deux altistes dont un a l’amabilité d’échanger quelques mots avec nous. Le musicologue Tristan Labouret arrive et présente les différents pupitres ainsi que la structure générale des œuvres présentées. Si l’amateur n’apprend pas grand-chose, les explications permettent aux plus novices (et notamment aux nombreux enfants présents) d’acquérir les bases de la culture symphonique.

Le concert commence. Embarqués dans la concentration studieuse de l’ensemble, entendant beaucoup plus intensément les pupitres à proximité et se surprenant même à essayer de suivre la partition, on se prend (presque) pour un musicien ! Il faut remercier les musiciens d’avoir bousculé pour l’occasion les usages en accueillant le public, à peine séparé d’eux de quelques dizaines de centimètres ou encore en changeant fondamentalement la disposition de l’orchestre pour former un cercle tout autour de la cheffe.