AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - DanseLa Nuit au Musée (de Bruxelles) : quand les tableaux s'animent

La Nuit au Musée (de Bruxelles) : quand les tableaux s’animent

DANSE – Le Musée des Beaux Arts de Bruxelles accueille dans son forum une performance collective après plusieurs mois d’ateliers de danse contemporaine, mêlant 25 danseurs et 25 chanteurs de tous âges et tous horizons. 

Trust the Process ! 

Rassembler, canaliser, proposer… La performance Bodies & Voices se distingue par son approche novatrice, cherchant à s’écarter des formes d’art traditionnelles rencontrées dans les musées. Ici, la performance transcende les socles et les cadres : une expérience immersive et inclusive en une petite heure de temps. Pour certains chorégraphes, la notion de musée évoque une impression de finitude mortifère, un rôle d’archivage, de préservation et de protection statique de l’art. En contraste, la danse incarne l’éphémère et la vitalité, existant dans un état transitoire, disparaissant presque au moment même de son émergence.  

Sous la direction de Marie Martinez, chorégraphe et résidente des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, ce projet poursuit les perspectives chorégraphies des univers muséaux, poursuivant une exploration déjà entamée dans divers lieux tels que le musée d’Ixelles, le Musée des sciences naturelles et le S.M.A.K Museum de Gand.

Par le passé, danse et musée se sont trouvés confrontés grâce aux innovantes productions de l’artiste Simone Forti au MoMA en 1961, Huddle ou Danse Constructions ou celles d’Elaine Summers (Danse for Carola) au MoMA P.S.1en 1963. Plus récemment, Anne Teresa De Keersmaeker, chorégraphe belge avait également investi le Louvre afin de répondre au Radeau de la Méduse de Théodore Géricault, des toiles de Jacques-Louis David ou de Léonard de Vinci. 

« Forêt » par Anne Teresa De Keersmaeker et Némo Flouret au musée du Louvre

Dernièrement, le public espagnol avait pu découvrir un spectacle de flamenco au musée national du Prado.  Le flamenco, déclaré patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2010, unissent leurs forces pour défendre la culture comme lien du peuple.

Trust the Museum ! 

Les musées, en invitant progressivement la danse, modifient le cadre de l’expérience perceptive et sensible des visiteurs. Ces derniers n’étant plus seulement visiteurs, ils peuvent déambuler librement dans le musée (l’accès à la performance est gratuite), ils peuvent également être spectateurs et décors de la chorégraphie. Cette participation plus active du statut de spectateur invite encore au décloisonnement et à l’ouverture de l’institution au monde. Bien entendu, il n’existe pas encore de bibliothèque du mouvement ni de lieu où les œuvres chorégraphiques trouveraient à se conserver et à se laisser consulter par un public comme le musée le permet avec les peintures ou sculptures. 

Vidéo de la performance
Trust The Future !

En préparation de son processus créatif, la chorégraphe Marie Martinez annonce en préambule le sens de Bodies & Voices, inspirée par la langue chinoise. Le terme ‘Weiji’, composé de deux caractères distincts, encapsule simultanément les idées de crise et d’opportunité, évoquant l’équilibre entre perturbation et renouveau. La chorégraphie devient alors un acte de résilience face aux défis sociaux contemporains que nous avons récemment vécus : attentats,  pandémies, conflits armés et  bouleversements climatiques. Par cette démarche, Marie Martinez invite le public à célébrer l’art résilient sous toutes ses multiples formes, fusionnant les arts plastiques les arts vivants.

À lie également : Danse sur toile au musée d’Orsay

Cherchant à décloisonner l’expérience de la danse, Marie Martinez a donc invité les chanteurs et danseurs à se joindre à la performance grâce à une invitation (gratuite) à des ateliers créatifs. Accompagnés de ses disciples vêtus de blanc, complicité et écoute se répandent dans le forum. Le choeur est dirigé par Célia Tranchand, sur ses propres compositions, pour la compagnie Marie Martinez & Artistes. Tenant l’attention des performeurs, les sons s’accumulent et se répondent, calibrant les mouvements des danseurs. Organique, l’ensemble se fait et se défait sous la direction de la cheffe d’orchestre sous le regard de public situé de part et d’autre du forum, et également depuis les étages du musée. 

Trust the bodies ! 

L’objectif de Marie Martinez, fondatrice de l’initiative 20 Jeunes Chorégraphes pour Bruxelles, est d’intégrer la substance d’une collection muséale ou d’une exposition temporaire au sein de la danse, non pas en la reproduisant, mais en exploitant à la fois le corps comme médium et l’architecture singulière du musée, tout en tenant compte du mouvement et de la circulation des visiteurs. Sa méthode, à la fois intuitive et performative, est spécifiquement conçue pour chaque collection, ce qui donne naissance à ce qu’elle appelle une ‘Forme Ouverte’.

En parallèle, Martinez développe des ressources pédagogiques ciblées pour les jeunes et les adultes peu familiers avec l’art contemporain et les collections muséales. Son objectif est de rendre les concepts et les contenus plus accessibles, en intégrant ces outils dans une variété de programmes éducatifs : des stages, des formations, des ateliers et des master classes.

Pascal Dusapin – Penthesilea – extraits

En plus de ses projets en collaboration avec les musées, Marie Martinez étend son champ d’action à diverses facettes de la création contemporaine, y compris l’opéra. Récemment, le public belge a eu l’occasion d’apprécier sa contribution à l’opéra « Penthesilea » (2015) de Pascal Dusapin, présenté à la Monnaie. Caractérisé par un cadre apocalyptique et une brutalité rappelant le style de Rick Owens, cet opéra, lors de sa première mondiale, a été rehaussé par une scénographie saisissante et carnassière de l’artiste flamande Berlinde de Bruyckere.

Bonus

Pour les parisiens qui seraient intéressés de nouer le lien physique avec un musée, le Louvre organise avec Cécile Theil Mouradun le Parcours Off/Danse (un vendredi par mois) permettant une visite dansante du Musée : prochaines dates les 26 janvier et 23 février 2024 ! Le Louvre propose également programmation des spectacles vivants, à suivre de près ! 

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