DANSE – Blanche Neige est l’un des plus grands ballets chorégraphié par le maestro Angelin Preljocaj. 26 danseurs relookés pour l’occasion par Jean Paul Gaultier qui dansent sur les plus belles pages de Gustav Mahler à l’Opéra Royal de Versailles. De quoi enchanter les fêtes de fin d’année avec un ballet grandiose et féérique.
Blanche-Neige : bien dark…
Fidèle à la version des frères Grimm, cette version de Blanche Neige n’a jamais été aussi sombre et nous rappelle l’univers de Tim Burton. Elle nous plonge en eaux troubles avec une méchante marâtre, véritable héroïne de ce drame moderne. Prejlocaj interroge « sa volonté narcissique de ne pas renoncer à la séduction et à sa place de femme, quitte à sacrifier sa belle-fille. » Problématique très actuelle, les femmes ont parfois recours au lifting pour paraître de plus en plus jeunes et belles déclenchant souvent un sentiment de rivalité avec leurs filles. Comme l’explique Prejlocaj « C’est le conflit intérieur d’une mère qui, voyant grandir sa fille, a peur de perdre sa place dans la société. » Prejlocaj a alors pris le parti de nous raconter ce conte sous l’angle de la marâtre, et c’est plutôt réussi.
Cousu d’un fil rouge
Ballet narratif, nous assistons à différents tableaux rythmés d’une très grande beauté, sublimés par les décors somptueux et évolutifs de Thierry Leproust : le palais, la forêt ou encore la mine, éclairés par les lumières de Patrick Riou. S’appuyer sur un conte que tout le monde connaît permet à Prejlocaj de se concentrer uniquement sur les séquences chorégraphiées pour sublimer les corps des danseurs. La première scène nous plonge directement dans l’action où une reine se meut avec difficulté : elle rampe et se tord de douleur avant d’accoucher d’un bébé dans un épais brouillard avant de mourir. Puis surgit le père qui prend le bébé dans les bras et l’accompagne de sa vie d’enfant à sa vie d’adulte. Voici comment tout a commencé pour Blanche Neige : grandir sans mère dans un univers apocalyptique. Bienvenue dans l’univers torturé de Prejlocaj. C’est pas du Disney…
Les highlights du spectacle :
- L’arrivée des sept nains (devenus moines-mineurs de fond) qui jaillissent d’une falaise abrupte enchaînant une danse verticale de haute voltige.
- La scène de la pomme où la marâtre (Théa Martin) à la chevelure de lionne va venir enfoncer la pomme dans la bouche de Blanche Neige. Il se dégage de la danseuse une sensualité folle, à la fois dominatrice et fascinante.
- Le duo sensuel entre une Blanche Neige inanimée (Isabel García López) avec le beau prince athlétique (Laurent Le Gall). Elle est allongée à la vue de tous sans aucune protection, laissant le prince disposer de son corps à sa guise. Il extériorise toute sa tristesse avec une danse rapide et dynamique comme s’il voulait ranimer Blanche-Neige. Un grand moment de danse comme on en voit peu…
Mais pour toutes ses chorégraphies sensuelles, poétiques et souvent aériennes, il fallait des costumes fluides dessinés par un styliste de génie : Jean-Paul Gaultie.
Dur à cuir…
Les costumes de Jean-Paul Gaultier mettent en valeur une lingerie d’une grande sensualité. Pas question de tutu ou robe de princesse mais d’un body sexy simili cuir et de talons hauts pour la marâtre représentée en femme forte flanquée de deux chats et d’un long voile blanc immaculé et échancré jusqu’à la taille dévoilant ses jambes pour Blanche Neige. Le prince quant à lui est en pantalon moulant orange avec bretelles (une des pièces iconiques des années 90 de Jean-Paul Gaultier), les courtisans en guêpières et cuissardes, les nains devenus moines-mineurs en short et casques d’aviation. Les costumes sont d’une inventivité folle rappelant ceux de personnages de BD (clin d’œil à Catwoman) les inscrivant dans un monde fantastique et intemporel.
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En bref
Blanche Neige est un véritable choc chorégraphique plein de féérie, de sensualité et d’inventivité qui plaira aux enfants comme à leurs parents. Ce conte nous rappelle que le temps qui passe est inéluctable et que l’on doit accepter de vieillir. « Vivre c’est vieillir, rien de plus » comme le constatait Simone de Beauvoir.
Tout à fait d’accord avec vos 3 must !
La musique de Mahler y est aussi pour beaucoup.
Si je peux me permettre, je me pose tout le temps la question de l’ordre des consonnes dans le nom de ce chorégraphe. Et il me semble que vous n’avez pas, dans l’article, fait le bon choix. Ça serait plutôt PRELJOCAJ.
Le cas échéant, vous êtes tout excusés, étant donné la qualité du contenu de votre site !