AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - InstrumentalUn peu impressionnant Impresario de Smyrne à l'Athénée

Un peu impressionnant Impresario de Smyrne à l’Athénée

COMPTE-RENDU – Le Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet (Paris) propose en ce moment L’Impresario de Smyrne, de Carlo Goldoni, dans une version traduite et adaptée par Agathe Mélinand, avec Laurent Pelly à la mise en scène. Si l’intention est bonne, le résultat est mitigé. On dira que la robe est un peu mal coupée…

Imprimé noir et blanc

Cette proposition avait pourtant de quoi séduire : la traduction et l’adaptation, par Agathe Mélinand, de deux pièces de théâtre de Carlo Goldoni, L’Impresario de Smyrne (1759) et Le Théâtre Comique (1750), pour décrire, avec ironie et second degré, les vicissitudes de la vie d’artiste. Sous-titré Scènes de la vie d’opéra, ce spectacle se veut léger et virevoltant : trois musiciens de l’ensemble baroque Masques (avec Olivier Fortin, son directeur musical, au clavecin, ainsi qu’un violoniste et un violoncelliste), pour une bande-son pur 18e italien venant saupoudrer avec finesse le propos théâtral.

Une équipe de 9 comédiens/chanteurs aux rôles bien définis (trois cantatrices, un riche marchand, un impresario, un castrat, un ténor, un librettiste, un comte intriguant…), menée par une Nathalie Dessay en forme olympique (c’est d’actualité). Des costumes sobres (uniquement noirs et blancs) et de bon goût, des déplacements scéniques équilibrés, avec juste ce qu’il faut de chorégraphie d’ensemble et d’expressions individuelles, des lumières impeccables ou encore de légers bruitages sonores suffisamment évocateur (mouettes, bruit du large, corne de brume…).

Une coupe qui a du cachet

Tout cela aurait dû fonctionner, pour servir un propos théâtral qui n’a pas pris une ride : la vie d’artiste, c’est l’application de l’adage « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ». Déjà il y a 270 ans, un riche mécène qui n’y connaissait rien en musique pouvait promettre monts et merveilles à une troupe, pour finalement se désengager, ne laissant qu’une petite somme en compensation, permettant à la troupe de s’auto-produire… Les artistes négociaient leurs cachets, avec une mauvaise foi et une illogique financière dépassant l’entendement. Les dits-artistes exprimant des délires d’ego absolument disproportionnés, pour finalement accepter des conditions maigrelettes, parce qu’un impresario ou un comte protecteur leur aura dit « c’est comme ça »…

© Dominique Bréda
Le tissu gratte un peu…

Normalement, Goldoni, c’est ironique et irrespectueux, mais ça ressemble plus à du poil à gratter qu’à des piques, avec un second degré permanent qui empêche de se prendre au sérieux. On sent la tendresse derrière et l’art du théâtre (les mises en abîmes, notamment) y est parfaitement maîtrisé. Hélas, on ne retrouve pas cet esprit dans la proposition d’Agathe Mélinand et Laurent Pelly. Durant les 110 minutes que dure le spectacle, on assiste à du comique de répétition qui finit par lasser, faute d’évolution. Les comédiens/chanteurs sont figés dans leurs rôles et la sauce ne prend pas. Finalement, en quinze/vingt minutes, tout est dit. Le reste n’est que tournage en boucle sans parvenir à décoller.

À lire également : Bourgeois des champs, comique Deschiens !

C’est dommage mais cet Impresario de Smyrne vient rappeler que, en définitive, le spectacle reste un art délicat et fragile. Rien n’y est jamais acquis et il convient de toujours chercher à y parfaire, même si cela implique parfois des occasions ratées.

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